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Depuis quelques années, on le sait, la baisse du taux de fécondité affole le gouvernement. Les jeunes ne se marient plus et ont des enfants très tard. Cette année 2024, la démographie chinoise a été dépassée par l’Inde ! Dans dix ans, il y aura, en Chine, autant de retraités qu’en Amérique ! Un choc mortifiant pour ce gouvernement fier de son capital de 1,4 milliard de Chinois, de sa population « jeune et active ». À cause du chômage, du ralentissement économique – des notions récentes là-bas –, les Chinois ne voient pas l’intérêt de fonder une famille.
Souvenons-nous de la politique de l’enfant unique jusqu’en 2015, ces enfants-rois, enfants-tyrans devenus ingérables, mais qui ont quand même stimulé l’économie. Et qui, désormais, n’ont pas envie de se priver pour procréer. Souvenons-nous des parents hors-la-loi qui risquaient le pire, les amendes, l’ostracisme, l’obstruction administrative, en ayant un deuxième enfant. Aujourd’hui les autorités devraient les féliciter, ces « mauvais citoyens » !
Voilà, tout est pardonné. Et l’État continue de mener son peuple à la baguette. Lequel est de moins en moins obéissant. Sauf quand on le prend par les bons sentiments. Ainsi, pour encourager les jeunes de moins de 25-30 ans à se marier, et vite, l’administration a organisé au prin-temps dernier des speed datings géants sous les pêchers en fleurs. Pique-niques, jeux, peinture sur ombrelle, pêche à la crevette… Ils ont mobilisé tous leurs neurones pour trouver des occupations romantiques afin de faire connaissance, mais des activités pas trop longues pour pouvoir changer de partenaire si ça ne « matchait » pas. Il paraît que les jeunes ont bien aimé. En Chine comme à Paris, ou à Lisbonne, tout ce qui aide à « pécho » est bienvenue.
Se mêler de la vie intime de sa progéniture, c’est normal en Chine. Je sélectionne un conjoint pour mon enfant parce que je le connais mieux que lui-même. Chaque week-end dans de nombreuses villes, les parents se retrouvent dans un parc public avec leur pancarte de « vente » de candidat(e ) : sexe, âge, taille, job, classe sociale, caractère… Parfois ça marche. Mais si le jeune est déjà amoureux d’une autre qui ne plaît pas à la famille, c’est le drame : éjectée, quelle que soit l’intensité des sentiments entre les tourtereaux. On obéit, c’est ainsi.
Alors quand les slogans étatiques ordonnent : « Laissez fleurir la passion, cueillez l’amour pour rendre la vie plus intense, plus belle, plus sucrée », eh bien, on fonce sur la friandise. Il semble que déjà un frémissement s’observe dans les chiffres.
D’autres coups de pouce ont sans doute aidé : la prime à la mariée de moins de 25 ans – plus elle est jeune, plus elle aura d’enfants. Élémentaire ! –, l’allongement du congé parental, la baisse des charges autour de l’accouchement et… une idée scandaleuse : cette proposition de loi qui autoriserait les célibataires à congeler leurs ovocytes. Impensable pour un pays qui n’envisage pas une seconde de défendre le statut de mère célibataire, comme chez ces dépravés d’Occidentaux. Beaucoup de femmes n’ont pas attendu la loi pour franchir le pas. Elles vivent dans une grande ville, sont commerçantes indépendantes, elles ont une mère qui peut faire la nounou, elles ont un bébé toutes seules. Pas envie de jouer les esclaves auprès d’un mari qui, comme le veut la tradition, ne fait rien à la maison. Elles courent des risques : se faire mal noter au tableau de bord des « bons citoyens », voir donc leur périmètre de mobilité se restreindre, leur bébé risque de ne pas décrocher son certificat de naissance ni ses papiers administratifs pour réussir dans le pays ; quant à l’employeur de la mère indigne, borné et obéissant, il va lui faire payer cette déviance impardonnable.
Depuis 2016, les bureaucrates sont pourtant obligés de délivrer le certificat de naissance avec ou sans la preuve de parents mariés, ensuite, l’employeur est tenu de faire une demande d’assurance santé pour le bébé de son employée. Beaucoup refusent, en province surtout où les gens sont rétrogrades ; ce qui oblige la femme à lui faire un procès. Il y a encore du chemin… Certes, les dirigeants chinois ne manquent pas de culot… et de naïveté : ils entendent piloter la libido de leurs citoyens avec le bâton et la carotte. Ils oublient une évidence : au-delà de la récession économique, plus on est éduqué, moins on a envie de faire grandir ses enfants dans une dictature.
• CATHERINE SCHWAAB
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Ses parents ont quitté le Portugal pour la France dans les années 1990 à la recherche d’une vie meilleure. À 40ans, après des études et un emploi dans la banque, André a fait le chemin inverse pour ouvrir, au cœur de Lisbonne, un restaurant original où charcuterie et fromage français sont à la fête.
Tables hautes, basses, ambiance élégante et raffinée, le nouveau bistrot d’André, tranche avec les nuits trépidantes et alcoolisées du Bairro Alto. Ici, tout est gastronomique et d’origine contrôlée : les fromages triés sur le volet, les charcuteries sélectionnées…
Le client choisit chaque produit pour composer sa planche. Le concept existe déjà en France
avec 21 restaurants et un à Bruxelles. André était un client assidu du 17.45 en France avant de devenir un franchisé convaincu. Né à Bragança dans le nord du Portugal, il émigre dans le Val-d’Oise avec ses parents à l’âge de cinq ans. Sa mère est femme de ménage et son père, maçon. Les débuts sont difficiles, les déménagements fréquents, le français difficile à comprendre. « Le sacrifice de mes parents est pour moi un exemple ». André est un enfant sage, réservé, joueur de foot, une activité qui l’aide à s’intégrer. Il a une petite sœur, de douze ans sa cadette, née en France. Le jeune homme rêve d’une carrière militaire ; il aime les valeurs, la rigueur, la discipline.
Mais cette perspective déplait tant à sa mère, qu’il opte pour des études commerciales. Une fois son BTS banque en poche, il entre à la Banque Populaire de Franconville où il occupe successivement le poste d’accueil puis celui de conseiller particulier. Trois ans plus tard, il est démarché par le Crédit Mutuel pour l’ouverture d’une agence.
Sept ans plus tard, il gère un portefeuille de 2000 clients et dirige l’agence. Homme de challenge, ambitieux, conscient de ses limites, André avance pas à pas. Avec son premier salaire, il emménage dans un studio de 15 m2 avec sa future épouse, rencontrée à l’âge de 16 ans. C’est elle qui l’encourage à sauter le pas et à venir vivre au Portugal. « J’avais dirigé des équipes, je me sentais capable de motiver du personnel ». Ses amis ne le comprennent pas : « Tu n’arrêtes pas de changer ? Tu as la bougeotte ? », Tu n’as pas peur de tout plaquer ? ». André est confiant, il a des références. « Mes parents ont beaucoup galéré, ils ont pris de gros risques dans leur vie, sont arrivés à Paris sans papier, sans argent… Moi, je déménage dans de très bonnes conditions ». Prêt à se lancer dans l’entreprenariat, André cherche une idée. Il sait qu’il a besoin d’un cadre. Pourquoi ne proposerait-il pas une franchise au restaurant 17.45 qu’il aime tant ? L’entretien avec l’un des fondateurs du concept se passe à merveille. La marque est justement en train de développer ses restaurants à l’international. Le COVID vient interrompre le projet, mais les discussions reprennent de plus belles ensuite.
Trois ans plus tard, le chantier démarre avec des ouvriers français. Le concept est reproduit à l’identique des autres enseignes du groupe. Le 17.45 ouvre enfin ses portes à Lisbonne avec son concept unique, ses produits exquis et artisanaux. Dans son aventure, André a attiré un ancien employé du Crédit Mutuel. Johann Pelliet, 35 ans, a démissionné pour le rejoindre et participer au lancement du premier 17.45 au Portugal.
17.45 Rua do Norte 64, Lisbonne. 17-45.pt
• YETTY HAGENDORF
Participez au concours et gagnez vos places pour « Piaf ! Non, je ne regrette rien ! »
par Adriana Dopio
écrit par Adriana Dopio
Le Lisboète Magazine vous invite à plonger dans l’univers de la légendaire Édith Piaf avec « Piaf ! Non, je ne regrette rien ! », interprété par Anne Carrere. Ce spectacle exceptionnel, accompagné de musiciens talentueux et d’images inédites, vous fera revivre les émotions des plus grands titres de la diva française.
Envie d’assister à cet événement inoubliable ? Nous offrons 20 places (2 places pour 10 gagnants) pour les représentations au Casino Estoril le 2 décembre ou au Teatro Tivoli BBVA le 3 décembre.
Comment participer ?
C’est simple ! Répondez aux trois questions ci-dessous et envoyez vos réponses à contact@lisboetemagazine.com.
- Dans quel restaurant s’est déroulée la soirée de lancement du magazine numéro 18 ?
- Quels sont les titres des deux livres présentés dans la rubrique Marque-page du magazine numéro 17 ?
- Quelle recette du restaurant Bichomau est présentée dans la rubrique Papilles en émoi du magazine numéro 16 ?
Bonne chance à tous !
À Lisbonne, comme dans bien d’autres capitales européennes, l’offre en matière de crèches publiques ne suffit pas à répondre à la demande des jeunes parents. Mais rassurez-vous, faire garder ses enfants de moins de trois ans n’est pas un défi insurmontable. Le Lisboète Magazine a répertorié différentes solutions pour prendre soin de vos bouts de chou.
Crèches publiques : une attente qui peut valoir le coup
Vous l’aurez compris, il est nécessaire d’inscrire votre enfant en crèche publique le plus rapidement possible après sa naissance, car la demande est forte et les places sont limitées.
Certaines crèches proposent une pré-inscription en ligne via les services municipaux, mais il est recommandé de se rendre sur place.
En cas de liste d’attente, vous pourrez être amené à justifier votre demande avec des documents supplémentaires, car ce sont les familles aux revenus les plus faibles ou celles aux conditions sociales particulières qui seront priorisées.
Les frais sont également déterminés en fonction de vos revenus et peuvent varier de 150 à 300 euros par mois.
Malgré l’attente, sur les réseaux sociaux, de nombreux expatriés français recommandent le secteur public pour sa qualité et sa capacité à intégrer les enfants dans la culture portugaise. Si cela est important pour vous, l’attente peut donc valoir le coup.
📑 Documents à fournir
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Crèches privées : pour des encadrements spécifiques et des démarches simplifiées.
Si les crèches privées à but lucratif sont plus onéreuses, elles ne sont, en revanche, pas réputées pour être beaucoup plus accessibles. Mieux vaut donc entamer vos démarches le plus tôt possible. Leur coût mensuel varie entre 350 et 500 euros et l’inscription y est plus fluide puisqu’elle ne requiert pas de documents pour justifier vos revenus ou votre situation sociale.
Pour des offres plus abordables, il existe les crèches associatives, subventionnées en partie par l’État et par des fonds privés.
Qu’elles soient lucratives ou non, les crèches privées peuvent être une alternative intéressante si vous aspirez à faire grandir vos enfants dans un environnement francophone, international ou si vous recherchez une approche pédagogique spécifique (ex. Montessori). L’école trilingue est par exemple une bonne solution pour scolariser vos enfants dès deux ans dans un cadre franco-anglais-portugais.
Les offres alternatives : la flexibilité et l’éveil artistique au cœur des projets
Des entreprises comme Nannies of Lisbon ou Plus1Nanny se sont spécialisées dans la mise en relation avec des baby-sitters à plein temps. Cette option peut être particulièrement utile dans un pays où les assistantes maternelles constituent une solution marginale (3 % des modes d’accueil en 2021 selon la CAF). En revanche, il faudra compter sur un budget pouvant aller jusqu’à 1850 euros par mois pour une garde à plein temps.
Il existe aussi quelques options d’encadrement collectif qui vous séduiront si vous séjournez à court terme avec vos enfants dans la capitale et si vous avez à cœur de développer leur âme d’artiste.
Mom&Me, par exemple, garde vos enfants de 9 à 13 h avec des activités comme le chant, le yoga ou des activités manuelles. En 2023, les frais d’inscription étaient de 40 euros et une session matinale coûtait 35 euros, ce tarif étant dégressif en fonction du nombre de classes par semaine que vous choisissez.
Autre exemple : Gymboree Play & Music, cette marque leader sur le marché de la petite enfance désormais implantée à Lisbonne et à Cascais, propose des classes de développement, d’art et de musique pour les enfants de zéro à cinq ans. Après un essai gratuit, des formules d’abonnement vous permettront de choisir le rythme et l’investissement le plus adapté.
Trois maîtres mots : besoins, budget, rapidité.
La capitale dispose donc de différentes solutions pour mettre vos enfants entre de bonnes mains. Quelle que soit l’option choisie, nous vous conseillons de bien définir vos besoins et votre budget en amont de vos démarches et de vous y prendre le plus tôt possible.
Liste des crèches à Lisbonne par quartier :
Ajuda | |
Alcântara | |
Alvalade | |
Ameixoeira | |
Areeiro | |
Arroios | |
Avenidas Novas | |
Bairro Alto | |
Beato | |
Belém | |
Benfica | |
Campo de Ourique | |
Campo Grande | |
Campolide | |
Carnide | |
Estrela | |
Graça | |
Lumiar | |
Marvila | |
Mercês | |
Misericórdia | |
Nossa Senhora de Fátima | |
Olivais | |
Parque das Nações | |
Penha de França | |
Portela-Moscavide | |
Restelo | |
S. Domingos de Benfica | |
S. João de Brito | |
S. João de Deus | |
S. Vicente | |
Santa Catarina | |
Santa Clara | |
Santa Maria dos Olivais | |
Santa Maria Maior | |
Santo António | |
Santos-o-Velho | |
São Francisco Xavier | |
São João de Brito | |
São João de Deus | |
São Mamede | |
São Vicente | |
Telheiras | |
• CLARA MAXIMOVITCH
Au Portugal, le football n’est pas seulement un sport. C’est une religion.
Un événement qui traverse les générations et unit les foules. Lisbonne est partagée entre le Sporting CP et le SL Benfica, mais la ferveur reste la même, en attendant le derby du 29 décembre prochain.
La saison 2024-2025 de Liga Portugal Betclic est déjà bien engagée, et les deux clubs font honneur à leurs supporters. Après dix journées de championnat, le Sporting CP est en tête, fort de dix victoires consécutives. Sous la houlette de son attaquant vedette Viktor Gyökeres, arrivé en juillet 2023 en provenance de Coventry, l’équipe affiche une domination impressionnante. Le Suédois a trouvé le chemin des filets à 23 reprises en seulement 17 matchs toutes compétitions confondues, une performance qui attire déjà l’attention de grands clubs européens comme Manchester City, Arsenal et même le Paris Saint-Germain. Pour l’instant, les supporters du Sporting savourent la présence de ce buteur prodigieux, qui contribue à la meilleure attaque et à la meilleure défense du championnat, avec seulement trois buts encaissés.
Cependant, malgré cette domination éclatante, tout n’est pas rose pour le Sporting. Le départ de leur charismatique entraîneur Rúben Amorim pour Manchester United vient assombrir un début de saison idyllique. L’annonce de son transfert a fait l’effet d’une bombe. Ce jeune entraîneur de 39 ans, souvent comparé à José Mourinho pour son charisme et son approche tactique, laisse un bilan impressionnant avec cinq trophées remportés en seulement trois ans. Depuis son arrivée en 2021, il a redonné au Sporting un prestige et une stabilité qui leur faisaient défaut depuis des années. En plus de ses succès sportifs, Amorim est réputé pour sa capacité à faire éclore de jeunes talents comme João Palhinha, Nuno Mendes, et plus récemment Viktor Gyökeres. La question qui se pose désormais est de savoir qui pourra prendre la relève et maintenir le Sporting sur la voie du succès.
De l’autre côté de la capitale, Benfica n’est pas en reste. Même si son bilan est légèrement inférieur à celui du Sporting, avec sept victoires, un nul et une défaite en neuf matches, l’équipe dirigée par Bruno Lage reste une force redoutable. Les Águias (Aigles), comme on les surnomme, possèdent la deuxième meilleure attaque du championnat avec 24 buts marqués. Le départ de João Neves pour le PSG, bien que lucratif, a laissé un vide dans le milieu de terrain, mettant en lumière la jeunesse et l’inexpérience de certains joueurs. Cependant, des talents émergents, tels qu’Orkun Kökçu et Kerem Aktürkoğlu, malgré leur jeunesse, apportent de la vivacité et de l’énergie à l’équipe. Malgré le fait que des éléments expérimentés tels que Renato Sanches et Fredrik Aursnes peinent à trouver leur rythme, Benfica continue d’afficher un style de jeu offensif et ambitieux.
Les deux équipes s’apprêtent à entrer dans une période cruciale de la saison, avec des échéances importantes en Ligue des Champions et le très attendu Derby de Lisboa, prévu pour le 29 décembre. Ce derby, qui oppose les deux clubs majeurs de la capitale, est l’un des événements les plus électriques du calendrier footballistique portugais. Il dépasse le cadre sportif, la fierté des habitants de toute une ville est en jeu. Les supporters attendent ce moment avec impatience et espèrent voir leur équipe triompher de l’ennemi juré.
Outre la Liga Portugal Betclic, le Sporting et Benfica participent également aux compétitions européennes, et tentent de faire briller le football portugais sur la scène internationale. Le Sporting affrontera des adversaires de taille, comme Arsenal (26/11) et Bruges (10/12), tandis que Benfica se rendra à Monaco (27/11) pour y défier l’ASM, et recevra Bologne (11/12) en Ligue des Champions. Ces matchs sont autant d’opportunités pour les clubs de Lisbonne de démontrer leur talent face aux meilleurs clubs européens et de continuer à attirer l’attention des recruteurs et des médias internationaux.
Alors que la saison avance et que les enjeux se précisent, Lisbonne se prépare à vibrer au rythme des exploits de ses deux géants du football. Que le meilleur gagne !
• JULIEN BENDEL
La trentaine, l’amitié solidement ancrée, l’énergie chevillée au corps, ils ont quitté Paris pour créer un restaurant français à Lisbonne, à l’ambiance brasserie parisienne élégante et cosy. Le jardin d’Eden vient tout juste de fêter ses deux ans et le succès est au rendez-vous.
Persévérance et détermination. Ces deux mots résument l’aventure audacieuse de Nour, Wilson son mari, et Charles leur ami. Tous trois se sont rencontrés au collège Georges Duhamel dans le 15e arrondissement de Paris. Depuis ils ne se sont plus quittés, malgré des parcours d’études très diversifiés. Nour est chef de projet chez L’Oréal, Wilson, travaille dans le bâtiment. Le couple vient d’avoir un enfant qui s’appelle Eden. Quant à Charles, il est manager à l’Hôtel Costes. Mais la vie parisienne ne leur plaît plus. Avec son mari d’origine portugaise, Nour passe des vacances au Portugal. Au fil des voyages, l’envie se précise. Le couple en parle à Charles, en poste au Costes et la décision est prise. En 2019, ils sont ensemble à Lisbonne, des idées plein la tête. Mais la Covid met à l’arrêt tous leurs projets. La distance avec Paris est pénible. Leur famille leur manque. Leurs parents surtout, ils habitaient juste à côté. « Il était si facile de passer boire un café à l’improviste », raconte Nour.
Petit à petit, Lisbonne se dévoile et les séduit. Ils apprécient l’accueil des gens, leur gentillesse, la douceur de vivre, la sécurité. Ils cherchent un lieu. Au premier, abandonné avec l’arrivée de la pandémie, succède un second peu convaincant, puis en 2021, ils découvrent un petit coin de paradis avec son jardin, au cœur du quartier français de Campo de Ourique. Le restaurant, ils le surnomment presque aussitôt : le jardin d’Eden. Eden, comme le nom du fils aîné du couple, qui a désormais un petit frère, prénommé Adam. Le local nécessite de gros travaux, mais hors de question de faire appel à un entrepreneur. Les voilà tous trois à l’œuvre, la main dans le plâtre, le dos courbé par le poids des matériaux, tous les jours sans interruption de 7 h du matin à 22 h. Wilson dirige le chantier, Nour et Charles exécutent. Fort de son expérience à l’hôtel Costes, Charles réinvente le concept avec le concours d’une décoratrice d’intérieur. Le trio a des idées radicales sur l’apparence du lieu, le bar, la salle, le jardin, ils façonnent tout à la main. Et le résultat est magique, chic et chaleureux à la fois. En août 2022, le Jardin d’Eden de Campo de Ourique ouvre enfin ses portes. Les deux enfants sont à l’école portugaise et la petite famille s’est installée de l’autre côté du Tage. Le bœuf Rossini fait fureur, le magret de canard aussi. Le chef Axel, venu lui aussi de l’hôtel de Costes, mise sur des valeurs sûres et des produits de qualité. Ouvert midi et soir, les trois compères proposent une carte française variée, joliment métissée. Nour et Wilson (33 ans), et Charles (32 ans) – qui vient à son tour d’avoir un bébé – ne regrettent pas leur déménagement au Portugal. Mieux, après avoir fêté, ils envisagent l’ouverture d’un second restaurant dans un futur proche, sans doute en bord de mer, peut-être du côté de Cascais ou de Caparica.
• YETTY HAGENDORF
Rua Correia Teles 107A, Lisbonne
Tél. : +351 212 122 275
LES PAPILLES EN ÉMOI
Anciennement appelé D7, le visa D8 a été conçu pour attirer les nomades digitaux de nationalité étrangère au Portugal. Mais quelles sont les conditions à remplir pour l’obtenir ? Quels sont ses avantages et ses inconvénients ? Le Lisboète Magazine a mené l’enquête
Lancé en octobre 2022, le visa D8 est rapidement devenu un must-have pour les jeunes nomades numériques en quête de soleil, de wifi rapide et de plages paradisiaques. Ce visa permet aux indépendants et adeptes du télétravail de poser leurs valises au Portugal, à condition de remplir certaines formalités : un passeport valide, quelques photos, une assurance santé, et surtout, un justificatif de revenus d’au moins 3280 € par mois, soit quatre fois le salaire minimum portugais.
Mais pourquoi le Portugal est-il devenu l’un des nouveaux paradis pour ces jeunes tech, aisés et à fort potentiel ?
Le pays a tout pour séduire : un climat de rêve, un coût de la vie abordable, et des infrastructures modernes qui font la joie des télétravailleurs. Que ce soit à Lisbonne, à Porto ou même dans des villes plus petites comme Lagos, toutes ces destinations disposent d’espaces de coworking design et optimisés avec une connexion internet souvent ultra rapide (environ 163,5 Mbps). En 2023, Lisbonne comptait 16 000 nomades numériques et leur nombre ne cesse d’augmenter. Il faut dire que le cadre est idéal pour travailler surtout quand on a la chance d’occuper un bureau avec une vue imprenable sur l’océan.
Ana Mendes Godinho, ministre du Travail, l’a dit : « Les nomades numériques sont fondamentaux pour le développement du Portugal, en particulier pour revitaliser les régions intérieures ». En somme, venir travailler sous le soleil portugais est aussi bénéfique pour l’économie locale.
Mais tout n’est pas si facile. Le visa D8, impose une volée de démarches administratives, dans un pays où elles peuvent facilement tourner au cauchemar. Dès votre arrivée, il faudra obtenir un NIF (Numéro d’Identification Fiscale), ouvrir un compte bancaire dans un établissement portugais (tous ne sont pas accueillants) et enfin obtenir un permis de résidence auprès de l’AIMA (Agence pour l’Intégration, la Migration et l’Asile). Tous les indépendants doivent par ailleurs fournir un contrat de prestation de services pour une entreprise non-portugaise et un casier judiciaire vierge.
Il est également important de prendre en compte l’évolution des dispositions fiscales. Le statut de résident non habituel (RNH), qui autrefois offrait des avantages fiscaux non négligeables, a été supprimé fin 2023. Il permettait aux expatriés de profiter d’une exonération fiscale sur les revenus étrangers pendant 10 ans. Aujourd’hui, avec votre visa D8, vous pourrez peut-être bénéficier d’un taux fixe de 20 %, mais uniquement sur certains revenus générés au Portugal. Si vous venez au Portugal pour fuir les impôts, méfiez-vous !
Malgré ces défis, Lisbonne reste un hub recherché par les nomades numériques. Avec ses infrastructures modernes, ses événements internationaux comme le Web Summit, et ses espaces de coworking qui rivalisent d’ingéniosité, la ville aux sept collines jouit d’une réputation solide. Pour Carlos Moedas, le maire de Lisbonne, la ville doit rester le centre mondial de l’innovation (propos tenus lors du Summit 2022).
En conclusion, le visa D8 peut être une opportunité en or. Certes, les démarches administratives peuvent être laborieuses, mais la qualité de vie est le plus souvent au rendez-vous.
• JULIEN BENDEL
Bonjour les Lisboètes ! Le mois de novembre est là, les feuilles d’automne parsèment les trottoirs et le vent d’hiver souffle déjà. Mais Lisbonne bouillonne d’activités pour réchauffer le cœur et l’esprit. Voici notre sélection automnale.
Dans le cadre des célébrations du 50e anniversaire de la révolution des Oeillets, l’Ambassade de France et l’Institut Français présentent Olhares Franceses sobre a revolução dos Cravos. Cette exposition propose un accès inédit à des documents diplomatiques, des articles de presse, des photos, et des témoignages d’époque. Le 5 novembre, des visites guidées par l’historien Victor Pereira seront offertes sur inscription.
Une occasion unique de revivre cette période fondatrice de la démocratie portugaise vue par la France.
📅 Le 5 novembre à 17 h et 18 h 30
📍 Palácio dos Santos
💰 Entrée libre sur inscription
Source : (c) LaDolceVita
Jonathan Dassin rend hommage à son père, Joe Dassin, au cours d’un concert dédié aux chansons qui ont marqué l’histoire de sa famille et celle de la chanson française. Au Casino d’Estoril, il interprétera L’été indien, Champs-Elysées ou encore Et si tu n’existais pas. En s’inspirant de l’album À toi (2020), Jonathan propose un voyage musical qui traverse les époques, entre romantisme et nostalgie en hommage à son père.
📅 Le 6 novembre à 21 h 30
📍 Salle Black et Silver au Casino d’Estoril
💰 Entrée entre 25 et 65 €
Source : Casino Estoril
Ne manquez pas la fête des châtaignes ou encore plus communément Magusto. Le 11 novembre , jour de l’armistice en France, le Portugal commémore saint Martin, celui qui a donné la moitié de son manteau à un mendiant. L’esprit est au partage et à la convivialité, en famille ou entre amis. Les traditions perdurent, les rojões sont aux repas et pour le dessert des châtaignes cuites au feu de bois avec un bon verre de liqueur. De multiples festivités ont lieu un peu partout dans le pays, comme à Cascais, Oeiras ou encore Algés et Benfica.
La mairie de Cascais propose une foire à ciel ouvert, avec des spécialités portugaises et, de 16 h à 18 h, une distribution de châtaignes cuites, sans oublier les promenades en poney pour les enfants.
📅 Du 7 au 10 novembre de 11 h à 22 h
📍 Mercado da Vila de Cascais
💰 Entrée libre
Source : Mercado da Vila de Cascais
Après avoir exposé à Paris avec succès, le photographe Frédéric Bourret transpose son concept à Lisbonne. L’inauguration aura lieu le 14 novembre à la Galerie Calçada Cem. Le principe est simple et le résultat positivement déconcertant. Sur des photographies de Paris, réalisées par Frédéric Bourret, des artistes de tous horizons ont customisé l’image selon leur créativité. Chaque œuvre est réinterprétée. Le résultat est un mélange de perspectives et de formes artistiques qui subliment le cliché. Une expérience créative et poétique.
📅 Du 14 au 24 novembre
📍 Calçada Cem Gallery
💰 Entrée libre
Source : Metarmofose Urbana
Fan du cinéma du 7e art, passionné de Patricia Mazuy, venez assister au LEFFEST pour découvrir ou redécouvrir un cinéma engagé, et débattre avec la réalisatrice. À ne pas manquer : Bowling Saturn le 8 novembre à 21 h 30 au cinéma São Jorge ou encore La poissionière de Bordeaux le 9 novembre à 21 h 30 au cinéma Medeia Nimas. Le cinéma français sera au rendez-vous avec le film À son image de Thierry de Peretti (projection les 13 et 14 novembre).
Retrouvez toute la programmation des projections ainsi que de multiples expositions et ciné-concerts à ne pas manquer !
📅 Du 8 au 17 novembre
📍 Lisbonne
💰 Entrée entre 3 et 8 €
Source : LEFFEST
Le Tivoli BBVA présentera une expérience cinématographique unique avec Les Vampires de Louis Feuillade, dans le cadre du cycle « Cinema Erótico – Desafiando os Limites ». Pendant trois nuits, cette série récemment restaurée sera projetée pour la première fois au cinéma, accompagnée par une performance en direct de Rodrigo Amado Unity. Cette œuvre emblématique est célèbre pour son esthétique surréaliste et pour la présence marquante de Musidora, l’iconique Irma Vep, figure pionnière du cinéma.
Le groupe Rodrigo Amado Unity, composé de musiciens talentueux au saxophone, à la contrebasse, au piano et à la batterie, ajoutera une dimension sonore immersive à cette projection. Assistez à cette rencontre entre musique et cinéma pour redécouvrir un classique du 7e art dans une ambiance unique.
📅 Du 12 au 14 novembre à 21 h
📍 Théâtre Tivoli
💰 Entrée à 6 €
Source : Teatro Tivoli
Du théâtre à la danse en passant par des performances, concerts et rencontres, le festival est là pour souligner l’actualité, mais aussi pour divertir les anxieux.
À ne pas manquer :
- L’ouverture du festival dans l’enceinte du CulturGest avec TRILOGIA CADELA FORÇA – Capitulo
- A Noiva e o Boa Noite Cinderela de Carolina Bianchi y Cara de Cavalo, avec une introduction sur les violences faites aux femmes (représentation le 15 novembre à 21 h et le 16 novembre à 19 h, sur réservation).
- A vida secreta dos velhos de Mohamed El Khatib. L’amour a-t-il une date de péremption ? (23 et 24 novembre au CulturGest sur réservation);
- La CASA DA AMÉRICA LATINA qui accueille l Terra Batida de Ritó Natálio et Ellen Pirá Wassu, une performance mêlant les communautés indigènes aux débats écologiques d’aujourd’hui.
📅 Du 15 novembre au 1er décembre 2024
📍 Lisbonne et ses alentours
💰≈ 20 €, réservation conseillée
Avis aux amateurs de vins. La septième édition de l’Amphora Wine Day aura lieu le 16 novembre à Beja. Au programme : dégustation de vin rares, nationaux ou internationaux tout droit sortis de l’amphore, mais aussi des discussions sur la fabrication des vins ancestraux et l’ouverture des amphores ou talhas de barro de l’année 2024 !
📅 Le 16 novembre
📍 Herdade do Rocim, Cuba, Beja
💰 24,50 € sur réservation anticipée et 29,50 € sur place
Ce festival rend hommage au cavaquinho (instrument de musique originaire de la région du Minho), avec un temps d’initiation à la technique du rasgado. Les participants pourront participer à un workshop et en clôture et assister à un concert de Tato Rezende Trio ou encore de Luís Capitão.
Retrouvez toutes les info sur le site.
📅Le 16 novembre
📍 Carcavelos
💰 10 à 20 €
Le colloque Athéna est l’occasion de fêter le centenaire de l’une des revues qui a bercé le modernisme portugais. Différents intervenants s’exprimeront et parleront bien sûr du célèbre portugais Fernando Pessoa. Avec à 17 h un parallèle entre Orpheu et Athena animé par Fernando Cabral Martins ou encore à 11 h 30 le portrait du désir d’immortalité et l’introduction à l’hétéronomie dans Athena par Nuno Amado.
Découvrez le programme et les intervenants.
📅 Le 21 novembre 9h30 à 18h
📍 Casa Fernando Pessoa
💰 Entrée libre, réservation conseillée
Source : Casa Fernando Pessoa
Le Misty Fest 2024 se déroulera du 2 au 30 novembre à Lisbonne et dans d’autres villes du Portugal. Ce festival unique met en avant une diversité musicale impressionnante, allant des mélodies folk aux sons contemporains, en passant par la musique du monde et le jazz.
Pour cette 15e édition, le festival présentera des artistes renommés ainsi que de nouveaux talents. Parmi les premiers noms confirmés figure Lina, qui interprétera son projet acclamé, Fado Camões, et Salvador Sobral, connu pour sa voix distinctive et ses compositions innovantes. L’artiste allemand Christian Löffler apportera également une touche internationale avec ses performances immersives.
Les concerts se tiendront dans plusieurs lieux emblématiques tels que le Centro Cultural de Belém et la Casa da Música, garantissant un accès à une vaste gamme de spectacles.
📅 Tout le mois de novembre
📍 Lisbonne
💰 Entrée à partir de 9 €
Source : Misty Fest
Niché dans une impasse entre Rato et les Amoreiras, le Procópio Bar rythme la vie politique du Portugal depuis plus d’un demi-siècle. Dans ce lieu insolite se sont décidés quelques-uns des événements les plus importants de la démocratie portugaise, qui célèbre son cinquantième anniversaire cette année.
Des marches qui donnent sur une placette pavée, des maisonnettes de plain-pied datant du XVIIIe siècle : rien n’indique qu’un bar se cache dans les parages. Pourtant, une petite maison intrigue, avec sa façade recouverte par le lierre et les branches d’un bougainvillier. C’est en poussant sa porte d’entrée qu’on se retrouve transporté à la Belle Époque.
« Je suis tombée amoureuse de l’Art nouveau en regardant un film dans lequel apparaissait un bar rempli d’objets incroyables. »
Voici le Procópio Bar. Sa salle carrée présente un décor aux nuances de rouge dans une esthétique Art nouveau. Mobilier, miroirs, statuettes, luminaires de la période occupent presque tout l’espace disponible, offrant une ambiance tamisée et intimiste.
“Je suis tombée amoureuse de l’Art nouveau en regardant un film dans lequel apparaissait un bar rempli d’objets incroyables”, se souvient Alice Pinto Coelho, 86 ans et à la tête du Procópio depuis son ouverture, le 2 mai 1972. Baptisé en référence au célèbre Café Procope de Paris, le Procópio est né d’une volonté d’ouvrir un bar dans une période pourtant peu propice: le Portugal vit alors sous un régime autoritaire débuté en 1926.
A l’époque, « Lisbonne n’avait rien, il n’existait quasiment aucun endroit pour sortir le soir, si ce n’est quelques bars à hôtesses”, rembobine Alice Pinto Coelho.
Les premiers clients du Procópio sont des amis et des connaissances, le cadre y est strict. « J’ai été très dure avec eux, car ils étaient habitués aux bars à hôtesses et je ne voulais pas d’un lieu de séduction de ce genre”, rappelle Alice Pinto Coelho.
Rick’s Café lisboète
Le 25 avril 1974, la révolution des Œillets met fin à la dictature et signe l’avènement de la démocratie au Portugal. Pour le Procópio, c’est le début d’une nouvelle vie et l’arrivée d’une clientèle politique. Membres du Parti socialiste portugais, dont le siège se situe à moins de cinq minutes à pied, du Parti communiste et certains militaires politisés se mettent à fréquenter l’établissement.
Dans leur sillage, ils entraînent les journalistes : le Procópio devient alors un centre d’informations et de décisions, une sorte de Rick’s Café lisboète. Les habitués du bar disent que, ce qui ne se sait pas au Procópio ne vaut pas la peine d’être su. Sur ses sièges se sont par exemple succédé les présidents portugais Mário Soares et Jorge Sampaio, l’ancien président de la Commission européenne José Manuel Barroso ou encore l’ex-Premier ministre António Costa. Autour d’un verre de whisky, de vodka ou de gin, ces personnalités ont tour à tour défini le destin du pays.
Malgré son âge, Alice Pinto Coelho reste le capitaine du navire Procópio et ne compte pas s’arrêter là. « D’ici peu, je suis dans le cercueil, même si je déteste dire ça. Si je pouvais mourir ici, ce serait beau. Mais je resterai jusqu’à la fin, car pour moi le Procópio, c’est sacré”, assure -t -elle. Pour l’heure, elle fait l’effort d’être présente au bar tous les mercredis soir afin d’y raconter les innombrables histoires de ce lieu, l’un des derniers Mohicans de la nuit lisboète d’antan.
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