Mehdi Benlahcen : « La mise en place d’un fond d’aide pour les auto entrepreneurs »
Les sept candidates et candidats des « Français du monde, citoyens solidaires au Portugal », avec au centre Mehdi Benlahcen, tête de liste
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Conseiller des Français de l’étranger sortant, Mehdi Benlahcen se représente en tête de liste des « Français du monde, citoyens solidaires au Portugal » pour les prochaines élections consulaires. Pour faire face à la demande croissante de familles françaises, le candidat souhaite développer l’offre d’éducation autour des trois sites déjà existants et envisage également la création de programme FLAM au Portugal. Afin d’aider les actifs français en cette période difficile, Mehdi Benlahcen ambitionne solliciter l’ambassade pour mettre en place un « fond d’aide pour les auto entrepreneurs ».

Vous avez été élu en 2014, lors des premières élections consulaires. Quel est le bilan de ces sept dernières années ?

Nous avons été élu en 2014 sur un mandat nouveau, qui répondait à une attente de plus grande proximité. Nous avions un rôle à créer. D’un point de vue institutionnel ces sept dernières années sont une réussite. Le baromètre des Français de l’Étranger publié par Français du monde-adfe en mars 2019 a ainsi montré que les conseillers des Français de l’Étranger sont les élus les plus reconnus par nos concitoyens, devant les sénateurs des Français établis hors de France et loin devant les députés des Français de l’Étranger. Au point de vue local, le bilan se décline de deux manières. Celui des élus « Français du monde, citoyens solidaires au Portugal » et le mien plus personnel à l’Assemblée des Français de l’Étranger où en plus de siéger pour l’ensemble de la péninsule ibérique j’ai eu l’honneur de présider le groupe des élus « Français du monde, Écologie et Solidarité ». Ce double rôle a été une vraie chance pour les Français du Portugal, car cela m’a permis d’interagir directement avec les différents cabinets ministériels pour améliorer la vie des Français du Portugal. Cela a été le cas notamment pour le lourd dossier de la renégociation de la convention fiscale franco-portugaise où en plus d’avoir été auditionné par la commission des finances du Sénat, j’ai pu dialoguer directement avec le cabinet de Christian Eckert, alors ministre du budget. C’est également la complémentarité de ces deux mandats qui m’ont permis d’accompagner au mieux l’ouverture et l’homologation de l’école Redbridge à Lisbonne.

Durant votre mandat vous avez dû faire face à une crise sanitaire inattendue. Quelles actions aviez-vous menées auprès des Français au Portugal pendant cette période ?

C’est justement via mon mandat de conseiller à l’Assemblée des Français de l’Étranger et président de groupe que j’ai pu intervenir de manière efficace. Dans cette dernière fonction j’ai sollicité Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État aux Français de l’Étranger, dès le 27 mars 2020 pour lui demander d’adapter les instructions et le calendrier des bourses scolaires. Nous avions notamment demandé de reculer les dates des conseils consulaires afin de pouvoir examiner les dossiers à année n au lieu de n-1 afin de coller le mieux possible à la réalité économique de familles lourdement touchées économiquement par la crise sanitaire. Nous avions également demandé une généralisation des recours exceptionnelles, dites « bourses COVID ». C’est donc avec satisfaction que nous avions accueillis les annonces du directeur de l’AEFE, le 18 avril 2020, qui reprenait l’ensemble de nos propositions. Le 2 avril 2020, nous avions également sollicité le secrétaire d’État pour l’alerter sur la situation des entrepreneurs français à l’étranger. Nous avons également fortement dialogué avec Jean-Baptiste Lemoyne, concernant la transformation d’un certain nombres d’aides financières, en particulier les 100 millions d’euros d’avance France-Trésor à destination de l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Étranger. Loin d’être une aide, cette avance est une « dette » à la charge des familles. Nous avons donc fortement plaidé pour qu’elles soient transformées en subventions. Enfin, suite à la session de l’AFE d’octobre 2020, nous avons mis en place un projet d’aide à destination des familles boursières des lycées de Lisbonne et Porto. Nous avons obtenu 30 000€ de subventions sur le budget des aides sociales, qui nous ont ainsi permis d’offrir 250 tablettes numériques.

Pouvez-vous nous parler un peu plus des sept candidats qui composent votre liste ?

Comme en 2014 j’aurai l’honneur de mener la liste Français du monde, citoyens solidaires au Portugal. Cette liste se compose de sept candidates et candidats alliant une expérience et un engagement de plusieurs années auprès des Français du Portugal, toutes et tous issus du milieu associatif. C’est une liste qui rassemble, car elle ressemble aux Français du Portugal, notamment en faisant la place belle aux binationaux. Francisca Castro, conseillère sortante, notaire à Cascais, vice-présidente de la chambre des notaires du Portugal, sera la seconde de liste. Elle est membre de Français du monde-Portugal et de l’AFNP depuis de longues années. Filipe Raposo, qui sera 3ème de liste est avocat à Porto et ancien vice-président de l’AFNP. Il est connu et reconnu dans la région nord pour son engagement et son investissement, déjà ancien, au service des Français du nord Portugal. Karima Guergous, entrepreneuse à Pombal sera 4ème de liste. Elle est membre de Français du monde-Portugal depuis une dizaine d’années. Pierre Guibert, qui se trouve en 5ème position de cette liste est photographe. Il réside à Lisbonne et a été durant de nombreuses années impliqué au sein de la FCPE Lisbonne. À ce titre il a siégé longtemps en Conseil d’Établissement du lycée de Lisbonne. Carina Raposo, infirmière dans la région de Porto sera 6ème de liste. La crise sanitaire est venue rappeler cruellement à quel point nos services publics et en particulier de santé sont essentiels au bon fonctionnement de nos états. Elle sera une personne ressource sur toutes les questions de santé et accès aux soins au Portugal. Enfin Patrick Raffin, adhérent de Français du monde-adfe Portugal et résident retraité en Algarve fermera la liste.

Si vous êtes à nouveau élu, quelles seront vos principales priorités ?

Mes priorités s’inscriront dans la réalité du terrain et le champ de compétences d’un conseiller des Français de l’Étranger. Ce dernier est un élu qui est avant tout là pour donner son avis sur les politiques publiques à destination des Français de sa circonscription ; sur les questions d’enseignement, d’action sociale, d’emploi et de formation professionnelle et de sécurité. C’est donc d’abord sur ces quatre thématiques que nous voulons axer nos efforts. La crise de la COVID- 19 est venue rappeler cruellement l’absence d’une société de bienfaisance française au Portugal. Dans le jargon du ministère des affaires étrangères on appelle cela une OLES. Dans le plan de sauvegarde présenté en avril 2020 par le Secrétaire d’État aux Français de l’Étranger, il y avait une dotation exceptionnelle de 50 millions d’euros destinées aux OLES un peu partout dans le monde pour aider les Français en difficulté. Le Portugal a bénéficié de 0€ ! Ce n’est que dans un deuxième temps parce que le budget était sous utilisé, que j’ai pu au titre de Français du monde-adfe Portugal récupéré 30 000€ pour financer l’achat de tablettes numériques. Nous devons mettre fin à cet incongruité en créant cette société de bienfaisance. Sur l’emploi et la formation professionnelle, nous avons le devoir de mieux accompagner les nouveaux salariés français qui arrivent au Portugal dans des conditions parfois difficiles. Je pense en particulier, aux nombreux jeunes français qui viennent travailler dans les nombreux centres d’appels qui ont fleuri au Portugal ces dernières années. Nombre d’entre eux ne sont pas forcément inscrits sur les registres de l’Ambassade. Ils ne sont pas suffisamment soutenus, en particulier lorsqu’un conflit voit le jour avec leur employeur et se retrouve souvent livrés à eux-mêmes. Au cours de cette dernière année, ils sont malheureusement nombreux à nous avoir sollicité. Sur tous les autres sujets, le conseiller des Français de l’Étranger n’a malheureusement que trop peu de prises. Même si nous pouvons dialoguer avec les autorités locales, il nous est formellement demandé de ne pas venir interférer avec le travail diplomatique de l’Ambassade. Ces relations avec l’Ambassade sont d’autant plus importantes qu’à partir de juin 2021 c’est un des nouveaux élus qui présidera le conseil consulaire. Cela peut changer beaucoup de choses dans la manière de conduire les débats et d’instruire les débats, en particulier dans le conseil consulaire pour l’enseignement où nous examinons les demandes de bourses scolaires. Le 29 mai prochain, les Français du Portugal n’éliront pas seulement quatre conseillers des Français de l’Étranger, mais également un ou une présidente de conseil consulaire. Un nouvel élu sans expérience du poste serait-il à même de remplir cette lourde fonction ?

Les deux lycées français à Lisbonne et Porto n’ont pas assez de places pour répondre à la demande croissante. Quelles solutions proposez-vous pour maintenir une éducation en français ?

Le manque de places dans nos deux établissements scolaires est un sujet qui s’est accentué depuis notre élection en 2014. Dès 2015 nous avions proposé un projet d’extension du lycée de Lisbonne, notamment via la reprise du bâtiment de l’Institut Français. Cela ne s’est pas fait à l’époque, mais nous voyons ressurgir dans le débat la question du déménagement de la partie lycée du lycée Charles-Lepierre. Si nous saluons la réussite du projet de la Redbridge School, que nous avons accompagné à ses débuts, et si nous sommes heureux de l’ouverture de l’École trilingue de Belém, nous sommes obligés de constater que de nombreux porteurs de projets ont renoncé à leur installation au Portugal. C’est pour cette raison que nous voyons et pensons le développement du réseau au Portugal autour des trois sites déjà existants : le lycée Charles-Lepierre de Lisbonne, Redbridge de Lisbonne et le lycée Marius-Latour de Porto. Ces trois établissements sont homologués AEFE et il revient à l’État de permettre financièrement leur développement afin d’atteindre l’objectif du président Macron de doublement des effectifs dans les établissements français à l’étranger. Depuis quelques semaines une vive polémique s’est déclenchée autour de l’augmentation des frais de scolarité de 6% au lycée Charles-Lepierre. Dire que l’on est contre ne fait pas avancer le problème. Cette situation est avant tout le résultat d’une augmentation de la masse salariale de l’établissement. Ne nous trompons pas, cette dernière provient de la ponction budgétaire de 33 millions d’euros réalisée en août 2017 par le gouvernement Philippe. Cette somme prélevée en pleine exercice budgétaire représentait 10% du budget de l’AEFE. Quel organisme pourrait résister à une telle saignée ? La seule réponse financière qu’a pu apporter l’agence fut celle consistant à transférer des charges en transformant des postes d’enseignants résidents (payés par la France), par des postes d’enseignants locaux (payés par le lycée, donc par les familles). Plutôt que de cogner de manière démagogique sur les personnels de ces établissements, nous souhaitons que l’État honore les engagements qu’il aurait dû tenir en 2017. Enfin, nous ne pouvons pas penser le développement d’une offre d’éducation sans envisager la création de programme FLAM au Portugal. À ce titre nous essaierons d’accompagner du mieux possible la tentative d’implantation de La France Ô Si au Portugal.

Depuis 2014, le profil des Français au Portugal a changé. Même si la majorité reste des retraités, aujourd’hui un grand nombre d’entre eux sont des actifs. Quelles sont les perspectives pour les Français qui décident d’entreprendre au Portugal ?

Si la croissance des lycées français du Portugal est l’illustration d’un phénomène c’est bien celui de l’implantation de jeunes actifs, entrepreneurs ou salariés. Ici j’ai une pensée particulière pour tous ces entrepreneurs français qui, ces dernières années, se sont lancés dans le secteur touristique (restaurants, hôtels, logements saisonniers) et se retrouvent aujourd’hui très lourdement touchés par la perte de deux saisons. Je pense aussi aux salariés, parfois français, de sociétés en difficultés économiques. C’est pour tout cela que nous essayons d’agir depuis sept ans, en essayant de mettre en place des structures d’entraide. Quand, j’ai, avec d’autres, créé l’association Entreprendre.pt c’était dans le but d’aider les entrepreneurs en mettant en place un réseau de partage et entraide. Je regrette la mise en sommeil durant ces deux dernières années du conseil consulaire à l’emploi et la formation professionnelle. Si je suis réélu et encore plus si je deviens président du conseil consulaire, je ferai en sorte de remettre sur pied cet outil qui doit permettre à nos compatriotes de mieux affronter les crises économiques. Enfin, nous allons solliciter dans les prochains jours l’ambassade pour la mise en place d’un fond d’aide pour les auto entrepreneurs.

La crise sanitaire que nous traversons nous rappelle l’importance d’un système de santé efficace. Comment améliorer l’accès d’une couverture santé pour les Français qui souhaitent rester au Portugal ?

Nous n’avons pas attendu la crise sanitaire pour agir. Dès 2014, il nous est apparu que les Français qui s’installaient au Portugal, en particulier les retraités étaient confrontés à un problème de couverture santé, en particulier sur la partie mutuelle. Après de longues années de travail, nous avons mis en place un système de mutuelle avec un contrat unique permettant au retraité d’être couvert à la fois lorsqu’il séjourne en France et lorsqu’il est au Portugal. Tout cela via un contrat français, donc hors de la pratique que l’on appelle la couverture « au premier euro ». L’autre solution est de démocratiser l’accès à la Caisse des Français de l’Étranger encore trop cher sur certains aspects. Si beaucoup a été fait en la matière grâce au travail conjoint des sénateurs-sénatrices Français du monde-adfe, et des élus Français du monde au CA de la CFE, beaucoup reste encore à faire notamment pour permettre aux plus fragiles financièrement d’avoir accès à cette caisse.

L’an dernier, le gouvernement portugais a modifié le statut du RNH, en accordant une imposition sur les pensions de retraite du privé taxées à hauteur de 10 %. Que pensez-vous de cette mesure qui touche directement un bon nombre de Français au Portugal ?

Même si cette mesure est une mesure de politique portugaise qui ne nous regarde pas en tant qu’élu français, je crois être l’élu qui s’est le plus exprimé sur le sujet ces dernières années. Sans revenir sur tout ce qui s’est passé depuis 2013, il était avéré depuis un certain nombre d’arrêt du Conseil d’État que le RNH ne garantissait pas au retraité français de ne pas être imposé en France. La règle de base à rappeler en la matière c’est que la convention fiscale de double imposition ne s’applique pour déterminer la résidence fiscale d’un individu que s’il y a un risque de double imposition. A partir du moment où les RNH n’étaient pas imposé au Portugal il n’y avait donc pas de risques de double imposition et la convention fiscale n’était donc pas applicable. Dans ce cas c’est donc le code général des impôts qui fait foi. Dans ce dernier la règle des 183 jours de résidence n’existe que pour certaines catégories d’actifs, mais pas pour les retraités. Un grand nombre d’entre eux étaient donc sous la menace de redressements fiscaux. Face à cette situation la nouvelle disposition des RNH vient clarifier et simplifier la situation. Taxés à hauteur de 10%, les retraités français sont sous le risque d’une double imposition. Cela ouvre donc la champ d’application de la convention fiscale, qui les localise sans autre discussion au Portugal.

 

Retrouvez toutes les informations de la liste « Français du monde, citoyens solidaires au Portugal » sur leur page Facebook.

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