Dans leur villa moderne à Pero Moniz, au milieu des vignes et des vergers, Agnès propose une chambre d’hôtes et des petits déjeuners gastronomiques devenus célèbres dans toute la région. En quittant Metz, elle n’imaginait pas une telle aventure.
Attirés par l’odeur du pain servi encore chaud et les draps soyeux de la suite de luxe, les clients rivalisent de compliments sur la Casa da Corsica, nichée à quelques kilomètres de Cadaval dans un paysage d’une beauté à couper le souffle. Pourtant, rien ne prédisposait le couple Suzzoni, à s’installer au Portugal ou à accueillir des étrangers chez eux.
Née à Isigny-sur-Mer en Normandie, d’une mère crémière, Agnès épouse Pierre et le rejoint à Metz. Elle est responsable du recouvrement dans une société de transports frigorifiques, lui est imprimeur fiduciaire et premier routeur de Lorraine. Quatre enfants plus tard, ils envisagent de prendre leur retraite dans le sud de la France. Pierre a hérité d’une maison dans le Var, mais deux inondations successives ont raison de leur témérité. Cap sur le Maroc, quand intervient l’attentat de la place Jemaa et Fna, qui met fin à leur projet. Direction le Portugal avec une prédilection pour l’Algarve. Mais la région se révèle trop chère et trop bétonnée. Ils sillonnent le pays, jusqu’à Cadaval, capitale de la poire, avec ses 200 000 tonnes récoltées chaque année et découvrent un terrain à vendre, avec une vue époustouflante sur la Serra de Montejunto. C’est le coup de foudre. Un an et demi plus tard, le 15 octobre 2020, ils entrent dans la villa de leur rêve, ultra-moderne, avec une piscine à débordement de 11 mètres sur 4 et des effluves d’eucalyptus qui parfument les terrasses.
« Maman, toi qui aimes tant recevoir et cuisiner, pourquoi ne louez-vous pas la suite à l’étage que vous n’utilisez pas ? » s’exclament les enfants du couple. L’idée séduit Agnès, mais Pierre est réticent. Dès le premier été, le succès est au rendez-vous avec 55 réservations.
La Casa da Corsica, petit clin d’œil aux origines de Pierre, se démarque par la qualité de sa cuisine gourmande, d’inspiration 100 % française. Le pain, les brioches, les confitures, le caramel au beurre salé, les cakes, les tartes, les madeleines, les cannelés, les yaourts, tout est fait maison. Agnès se lève à 5 heures et cuisine trois heures sans interruption pour gâter ses clients. Près de 20 kilos de farine et 2,5 kilos de beurre – d’Isigny, bien sûr – transitent tous les mois dans sa cuisine. La réputation n’a pas tardé. Elle est désormais à la tête d’une petite entreprise et anime des ateliers de création de maisons d’hôtes, des ateliers de céramique et probablement bientôt des ateliers de cuisine !

• YETTY HAGENDORF
