Bonjour Paul, comment avez-vous écrit votre dernier spectacle Bisoubye x ? De quoi parle-t-il ?
Je fonctionne toujours un peu de la même manière dans le sens où tous les jours, quand des situations drôles se présentent, je les note sur mon téléphone. Au moment d’écrire un nouveau spectacle, je relis toutes ces notes pour voir ce qui pourrait coller ensemble. Pour celui- là, j’ai trouvé le thème du spectacle avant de consulter mes notes. Ce spectacle représentant la fin de la trilogie bilingue pour l’instant, j’ai creusé le thème de l’au-revoir, d’où le titre Bisoubye x. La reine d’Angleterre est décédée à ce moment là, donc elle entrait bien dans ce cadre. Je dis aussi au revoir à ma jeunesse, car j’ai eu un enfant. Le thème global est donc un au revoir à plein de choses pour accéder à la prochaine étape de ma vie professionnelle et personnelle.

Vous avez vécu plus longtemps en France qu’en Angleterre. Vous sentez-vous davantage anglais ou français aujourd’hui ?
Comme je n’ai pas grandi en France, je ne sais pas trop ce qui s’est passé avant mon arrivée en 2009. Il me manque donc une vingtaine d’années de références culturelles, télévision, radio, série, politique par rapport aux gens de mon âge. Je ne me sens donc pas vraiment français. À vrai dire, je pense que cette identité-là se forge quand on est ado, et comme j’ai vécu la majorité de mon adolescence en Angleterre, entrecoupée de deux ans en Espagne, je me sens quand même plus anglais que français.

Le fait de vivre dans un autre pays et de posséder une double culture est-il une richesse à vos yeux ?
Oui, évidemment. Toute expérience qui nous fait sortir de notre bulle, de l’endroit où on a grandi et habité toute notre vie, ne serait-ce que pendant quelques mois, ouvre forcément l’esprit. Découvrir une autre culture et apprendre une autre langue éveille la curiosité et rend plus tolérant. C’est donc une grande chance, même s’il faut aussi savoir faire preuve d’humilité par rapport à ça, car cette chance n’est pas donnée à tout le monde.

Le spectacle a-t-il beaucoup évolué au fil des mois ?
Oui, c’est un spectacle vivant donc il évolue forcément. Je dirais qu’il est resté le même à 80 %, mais l’ordre a changé et j’ai ajouté et supprimé certaines choses au fil des représentations. Avec la tournée internationale, notamment en Australie, je me suis rendu compte que je commençais beaucoup de blagues en français et je les terminais en anglais ou inversement, ce qui pouvait causer des problèmes de compréhension. J’ai appris à délimiter davantage les langues pour plus de clarté.

Connaissez-vous déjà le Portugal ?
Un peu. J’y suis allé quatre ou cinq fois. Quand j’étais plus jeune et que je vivais à Madrid, on y est allé en road trip avec mon père. Je suis retourné en Algarve il y a 11 ou 12 ans avec ma femme. J’ai aussi visité Lisbonne avec des amis. Et depuis 2020, mon père s’est installé près d’Aveiro, donc je lui rends visite quand j’en ai l’occasion. J’ai même appris un peu le portugais pendant un an à l’université, mais ma prof était brésilienne et la prononciation est très différente. Je comprends donc mieux le portugais du Portugal écrit que parlé.

Comptez-vous adapter le show pour votre venue à Faro et à Lisbonne ?
En effet, j’aimerais bien trouver quelques petites références pour les Français qui vivent au Portugal. J’ai remarqué en arrivant en France qu’il y avait beaucoup de stéréotypes sur le Portugal et les Portugais que nous n’avons pas en Angleterre. Je sais qu’il y a une grosse communauté portugaise en France et inversement aussi. Je suis impatient d’en savoir un peu plus sur les différences culturelles entre ces deux pays et les raisons pour lesquelles les Français vivent au Portugal. Comme c’est la première fois que j’y joue et que je commence toujours mon spectacle en discutant une dizaine de minutes avec le public, j’ai hâte de découvrir ça.

Êtes-vous aussi cocasse dans la vie que sur scène ?
Oui, mais bizarrement, je suis très timide dans la vraie vie. Quand je rencontre de nouvelles personnes ou que je suis dans une situation comme ce matin où j’ai déposé la petite à l’école avec ma femme, je suis très anxieux socialement. Mais une fois la conversation lancée, tout va bien et je ressemble assez à ce que vous voyez quand je suis sur scène. J’aime charrier les autres et je fais souvent preuve d’autodérision.

Sur quels projets comptez-vous plancher après votre dernière date au Zénith de Paris en janvier ?
Je n’ai jamais vraiment exploité ma langue maternelle et j’aimerais me concentrer davantage sur le monde anglophone, car même si j’ai fait des spectacles en Angleterre, aux États-Unis ou en Australie, je m’adressais avant tout aux expats français. Quelque part, en ayant créé ma carrière en France, je triche un peu parce que j’ai un point de vue d’étranger et que cela me permet de sortir plus facilement du lot. Je pense qu’une grosse partie de ma carrière est due au fait que je suis anglais et que j’habite en France. Aujourd’hui, j’ai envie de voir ce que je vaux vraiment en tant qu’humoriste et de partir en terre natale pour essayer de faire rire les Anglais de ma vie en France…

Bisoubye x
Le 29 septembre à Faro (Casa das Virtudes)
Le 30 septembre à Lisbonne (Cineteatro Capitólio)
Billets disponibles sur le site de Paul Taylor.

Jeu concours
Deux places à gagner sur chaque date.
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