Aristides de Sousa Mendes, le héros portugais qui a sauvé 30 000 vies de la Shoah, honoré au Panthéon national
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Aristides de Sousa Mendes, l’ancien consul du Portugal à Bordeaux, est entré au Panthéon national ce mardi 19 octobre. La cérémonie a lieu 67 ans après la mort du diplomate, qui a sauvé près de 30 000 juifs et d’autres réfugiés du régime nazi pendant la Seconde Guerre mondiale, en délivrant des visas en dépit des ordres du gouvernement d’António de Oliveira Salazar. Des célébrations se sont également tenues à Bordeaux, à Bayonne et à Hendaye.

« Le Portugal s’incline devant sa personnalité morale, éternellement reconnaissant, se souvient aujourd’hui et pour toujours de lui et l’honore ». C’est ainsi que Marcelo Rebelo de Sousa a clôt son discours lors de la cérémonie d’hommage à Aristides de Sousa Mendes qui s’est tenue ce mardi 19 octobre au Panthéon national. Une commémoration qui a lieu 67 ans après la mort du diplomate, qui a sauvé près de 30 000 vies en délivrant des visas aux réfugiés juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.

 

Marcelo Rebelo de Sousa a tenu à rappeler qu’« il n’y a pas de races, d’ethnies, de religions, de cultures, de civilisations qui sont les unes plus que les autres ». L’hommage, qui a eu lieu en présence des plus hauts représentants de l’État portugais et de la famille et des amis du consul, a débuté par l’interprétation de l’hymne national par le chœur du Théâtre national de São Carlos. Le Président du Parlement portugais, Eduardo Ferro Rodrigues, et la chercheuse Margarida de Magalhães Ramalho se sont également exprimés.

 

À cette occasion, une tombe commémorative sans corps évoquant l’ancien consul a été inaugurée à l’intérieur du monument situé au cœur de Lisbonne. Le corps de Aristides de Sousa Mendes continuera de reposer à Cabanas de Viriato, où il est né et a vécu (1885-1954), préservant l’importance culturelle et économique que sa présence revêt pour le tourisme dans la région. La pierre qui l’honore a été placée à côté de Humberto Delgado, leader de l’opposition contre le régime de Salazar. Lors de son discours, Marcelo Rebelo de Sousa a tenu a rappelé tous les autres Portugais qui ont eu les honneurs du Panthéon national, tels Camões, Almeida Garrett ou encore Teófilo Braga, soulignant qu’aujourd’hui ils ne sont plus seulement des hommes, ni des hommes de lettres ou de politique. Comme Aristides de Sousa Mendes, ils ont tous « changé l’histoire du Portugal et ont projeté le nom du pays dans le monde ».

 

 

« Consul rebelle »

 

Aristides de Sousa Mendes a défié les règles de son temps à plusieurs reprises et a même fait l’objet de procédures disciplinaires. Mais c’est justement un acte de rébellion contre les ordres du régime portugais qui lui vaut cette reconnaissance universelle et éternelle. Le 10 mai 1940, lorsque la France a été envahie par l’Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale, Aristides de Sousa Mendes était consul à Bordeaux et a défié les ordres du président du Conseil des ministres de l’époque, António de Oliveira Salazar. Pendant trois jours et trois nuits, il a accordé des visas d’entrée au Portugal à des milliers de réfugiés, notamment de nombreux Juifs fuyant l’Allemagne, l’Autriche, la France et d’autres pays déjà occupés par les armées allemandes et de familles de diverses nationalités tentant d’échapper aux bombardements et de retourner dans leur pays d’origine. Selon certaines sources historiques, près de 30 000 visas auraient été distribués, dont un tiers pour des juifs. Un acte qui a valu à Aristides de Sousa Mendes d’être exclu de la carrière diplomatique et de mourir dans la misère.

 

Commémorations à Bordeaux, Bayonne et Hendaye

 

S’associant aux célébrations d’hommage au Panthéon à Lisbonne, plusieurs villes françaises ont tenu également à rendre hommage à Aristides de Sousa Mendes. Ce mardi 19 octobre, Bordeaux a organisé une cérémonie en présence de Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée à la Mémoire et aux Anciens Combattants, ainsi que des principales autorités régionales dans les Jardins de Mériadeck, devant le buste de l’ancien consul portugais. « Des milliers de personnes sauvées par Aristides de Sousa Mendes avaient la nationalité française et c’est donc la France qui honore cet exploit. La présence du ministre est une reconnaissance de ce fait et les autorités françaises ont toujours rendu hommage au diplomate portugais. C’est constant », a déclaré à l’Agence Lusa Manuel Dias, vice-président du Comité Aristides de Sousa Mendes à Bordeaux. Les autorités portugaises se sont également associées à cet hommage, en ouvrant le consulat général du Portugal à Bordeaux pour l’organisation de diverses activités telles que la présentation d’œuvres, des ateliers d’arts plastiques et des séances de chant et de lecture en l’honneur de l’ancien consul.

 

À Bayonne, où Aristides de Sousa Mendes a passé une partie des visas, une cérémonie a eu lieu en présence du maire, Jean-René Etchegaray, des élus de la ville, du grand rabbin et du consul honoraire du Portugal. À Hendaye, une autre cérémonie s’est déroulée  près de la plaque en l’honneur du consul portugais, qui se trouve à l’entrée du pont frontalier entre la France et l’Espagne.

 

Mais les hommages au diplomate portugais se sont multipliés tout au long du mois d’octobre avec une cérémonie dimanche dernier à la synagogue de Bordeaux et lundi une messe à la cathédrale Saint André de Bordeaux, célébrée par l’archevêque Jean-Paul James. Ce lundi 18 octobre, deux plaques ont également été dévoilées dans la ville, l’une dans la rue Aristides de Sousa Mendes et l’autre à l’école Aristides de Sousa Mendes, toutes deux situées dans un nouveau quartier de la ville.

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