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Inês et Maria de Medeiros

TÊTE-À-TÊTE

par admin
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Maria et Inês, la comédienne et la politique. Deux caractères bien trempés, deux destins bien tracés. L’une habite en France, l’autre au Portugal. À distance, elles se sont confiées au Lisboète. Célèbres chacune dans leur domaine, elles sont les filles du compositeur António Victorino de Almeida et affichent fièrement leur double culture.

EN TÊTE-À-TÊTE AVEC MARIA DE MEDEIROS À PARIS.

De ses débuts dans Henry et June de Philip Kaufman à ses apparitions dans Pulp Fiction de Quentin Tarantino, Maria est une artiste multiple et polyglotte : elle joue, chante et réalise aux quatre coins du monde. En 2024, elle sera à l’affiche de deux films: Une affaire de principe, d’Antoine Raimbault et Reflet dans un diamant mort, de Bruno Forzani et Hélène Cattet. Actuellement, elle répète une pièce de théâtre en Italie, dirigée par Bob Wilson.

Quelle discipline artistique vous plaît le plus ?

J’ai découvert le plaisir de jouer au cinéma, à quinze ans. João César Monteiro, metteur en scène et critique de cinéma portugais, m’a choisie pour son film Sylvestre sorti en 1982. J’ai été fascinée par les aspects techniques du tournage, par la photographie et la lumière.
En 1983, je me suis installée en France et j’ai intégré l’École nationale supérieure des arts et techniques du théâtre, puis je suis entrée au Conservatoire de Paris dans les classes de Michel Bouquet et Jean-Pierre Vincent.
Théâtre, cinéma et musique sont des langages que j’aime. L’art est un chemin à explorer, il est un royaume infini.

Vous sentez-vous parisienne ?

Oui ! Je râle comme les Parisiens. Je m’emporte contre les lenteurs bureaucratiques, les démarches compliquées, les attitudes violentes. Mais Paris est aussi une capitale enchanteresse. Il y a tellement de musées, d’expositions, de concerts, de théâtres et de cinéma qu’une année entière ne suffirait pas à tout voir. Le Portugal offre la contemplation, le temps de la réflexion, la poésie, et la proposition culturelle grandit. J’aime y retrouver ma famille, c’est mon berceau affectif.

Quel souvenir gardez-vous de votre film Capitaines d’avril, sélectionné en 2000 dans la section Un certain regard au Festival de Cannes ?

Un souvenir très émouvant. C’était mon premier long-métrage. Une fiction sur la révolution des Œillets dont on fêtera le 50e anniversaire en avril 2024. J’ai tenté de raconter, de montrer l’importance de cet événement historique et pacifique qui a mis fin à 48 ans de dictature. J’ai voulu souligner la particularité de ce coup d’État organisé par des militaires de carrière, porteurs d’un projet démocratique. Quatre pays ont coproduit le film, dont la France.

Votre appétence vous pousse à explorer des mondes très différents ?

Je mène une carrière atypique, presque bohême. Je voyage volontiers pour des rôles improbables, ou des expériences avec des artistes novateurs. Quand il y a moins d’argent dans les projets, moins d’enjeu, le plaisir de créer est souvent décuplé. Or, il ne faut jamais oublier la dimension ludique de ce métier.

Quand est née l’envie de réaliser ce film ?

J’ai grandi en Autriche, à Vienne. La Révolution a bouleversé ma vie, comme celle de tous les Portugais. Quand nous sommes revenus au Portugal, j’ai été déstabilisée par cette ambiance aux antipodes de la tranquillité autrichienne. J’avais le privilège d’assister à l’avènement d’une démocratie, sans heurts, sans guerre. J’ai commencé à écrire à 21 ans et finalement j’ai consacré treize ans de ma vie à monter ce film. Grâce à ma mère, journaliste politique, j’ai récupéré de nombreux écrits des protagonistes de la Révolution.

Dans votre travail aussi la culture française est prépondérante ?

J’ai la double nationalité. Je travaille au moins une fois par an sur de grands auteurs portugais et en portugais. J’ai fait mes études au Lycée français de Vienne. Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours baigné dans la culture française. Je rêvais même d’entrer aux Beaux-Arts. En France, il y a un fort rapport aux mots. L’acteur s’efface derrière le texte et cela me plaît.

Quel souvenir gardez-vous de votre film Capitaines d’avril, sélectionné en 2000 dans la section Un certain regard au Festival de Cannes ?

Un souvenir très émouvant. C’était mon premier long-métrage. Une fiction sur la révolution des Œillets dont on fêtera le 50e anniversaire en avril 2024. J’ai tenté de raconter, de montrer l’importance de cet événement historique et pacifique qui a mis fin à 48 ans de dictature. J’ai voulu souligner la particularité de ce coup d’État organisé par des militaires de carrière, porteurs d’un projet démocratique. Quatre pays ont coproduit le film, dont la France.

Votre appétence vous pousse à explorer des mondes très différents ?

Je mène une carrière atypique, presque bohême. Je voyage volontiers pour des rôles improbables, ou des expériences avec des artistes novateurs. Quand il y a moins d’argent dans les projets, moins d’enjeu, le plaisir de créer est souvent décuplé. Or, il ne faut jamais oublier la dimension ludique de ce métier.

Quand est née l’envie de réaliser ce film ?

J’ai grandi en Autriche, à Vienne. La Révolution a bouleversé ma vie, comme celle de tous les Portugais. Quand nous sommes revenus au Portugal, j’ai été déstabilisée par cette ambiance aux antipodes de la tranquillité autrichienne. J’avais le privilège d’assister à l’avènement d’une démocratie, sans heurts, sans guerre. J’ai commencé à écrire à 21 ans et finalement j’ai consacré treize ans de ma vie à monter ce film. Grâce à ma mère, journaliste politique, j’ai récupéré de nombreux écrits des protagonistes de la Révolution

Dans votre travail aussi la culture française est prépondérante ?

J’ai la double nationalité. Je travaille au moins une fois par an sur de grands auteurs portugais et en portugais. J’ai fait mes études au Lycée français de Vienne. Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours baigné dans la culture française. Je rêvais même d’entrer aux Beaux-Arts. En France, il y a un fort rapport aux mots. L’acteur s’efface derrière le texte et cela me plaît.

• MANON COSTANTINI ET YETTY HAGENDORF

EN TÊTE-À-TÊTE AVEC INÊS DE MEDEIROS À LISBONNE

Nommée Chevalier de l’Ordre de la Légion d’honneur par la France en 2022, Inês de Medeiros est aujourd’hui maire d’Almada, la sixième ville du Portugal. Elle fut longtemps artiste avant d’embrasser une carrière politique. Parfaitement bilingue, souriante et volubile, elle nous parle de son parcours et de ses vies multiples..

Quels souvenirs gardez-vous de l’Autriche où vous êtes née ?

Je me rappelle surtout du kindergarten (l’école maternelle), du froid, des jardins, de la Saint-Nicolas et du Lycée français de Vienne que j’ai fréquenté avec Maria jusqu’au CP. Mes parents n’avaient pas le sou et soutenaient la cause animale. Pourtant on habitait des maisons très étranges, comme la résidence d’un baron, fan de safari, rempli de trophées de chasse africains. Tout cela avait un parfum incroyablement exotique. En 1975, après la Révolution, nous sommes rentrés à Lisbonne, et j’ai intégré le Lycée français Charles Lepierre jusqu’à la Terminale

Quelles relations entretenez-vous avec vos sœurs ?

Nous sommes à la fois très attachées et très indépendantes. Je regarde avec une grande fierté la carrière de Maria, et celle de ma petite sœur Ana – violoniste et compositrice – au Portugal. Plus nous vieillissons, plus nous sommes proches. Peut-être grâce à la maturité, la maternité, la vie professionnelle…

Vos enfants sont donc franco-portugais ?

Absolument. Ils ont terminé le Lycée français de Lisbonne puis ont choisi de poursuivre leurs études en France. Actuellement mon fils prépare un doctorat en biologie marine au Portugal. C’est le seul scientifique de la famille ! Ma fille est aux Beaux-Arts de Montpellier.

Maria et vous n’avez pas suivi le même parcours ?

Maria a commencé par des études de philosophie, avant de choisir une école de théâtre. Moi, par la littérature, avant de m’orienter vers le cinéma. Vers treize ans, j’ai joué dans un film de mon père, puis dans celui d’un grand réalisateur portugais. En 1988, j’ai tourné dans un film de Christine Laurent, Eden Miseria, puis j’ai enchaîné avec une série de films dirigés par Pedro Costa au Portugal, Jacques Rivette, en France… J’ai aussi été scénariste, j’ai créé des décors, des garderobes… Tout l’univers du cinéma me fascine. C’étaient des années extraordinaires, avec l’émergence d’un nouveau cinéma portugais et une immense envie de faire.

Quelles relations entretenez-vous avec vos soeurs ?

Nous sommes à la fois très attachées et très indépendantes. Je regarde avec une grande fierté la carrière de Maria, et celle de ma petite soeur Ana – violoniste et compositrice – au Portugal. Plus nous vieillissons, plus nous sommes proches. Peut-être grâce à la maturité, la maternité, la vie professionnelle…

Aujourd’hui vous avez des fonctions politiques. Le cinéma vous manque-t-il ?

Énormément. En politique, la pensée doit être pratique et cohérente. L’idée du service public est toujours en ligne de mire. C’est une certaine liberté de pensée du cinéma que je regrette. Je ne sais quand ni comment, mais un jour, j’y reviendrai !

Quel est votre lien avec la France ?

Au bout de quelques années de travail, j’ai décidé de m’installer à Paris pour une année, j’y ai rencontré le père de mes enfants et vécu durant quatorze ans ! Au cours de cette période, je suis passée de la comédie à la réalisation, notamment de documentaires, que j’affectionne toujours.

Quel est votre lien avec la France ?

Au bout de quelques années de travail, j’ai décidé de m’installer à Paris pour une année, j’y ai rencontré le père de mes enfants et vécu durant quatorze ans ! Au cours de cette période, je suis passée de la comédie à la réalisation, notamment de documentaires, que j’affectionne toujours.

Vos enfants sont donc franco-portugais ?

Absolument. Ils ont terminé le Lycée français de Lisbonne puis ont choisi de poursuivre leurs études en France. Actuellement mon fils prépare un doctorat en biologie marine au Portugal. C’est le seul scientifique de la famille ! Ma fille est aux Beaux-Arts de Montpellier.

Vous vivez au Portugal, vous êtes maire d’Almada, qu’y a-t-il de français en vous ?

Peut-être une certaine façon de penser. La rationalité et le pragmatisme. Tout cela, je le dois au Lycée français. Je n’ai pas oublié la dissertation : l’introduction, le développement, les trois parties, la conclusion, la thèse et l’antithèse : le cauchemar ! Néanmoins, cela forme l’esprit critique. Je suis reconnaissante à l’enseignement français et à la culture française de m’avoir initiée à ce doute permanent. Et même à la râlerie quand elle ne dépasse pas les limites…

• YETTY HAGENDORF

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