Anciennement appelé D7, le visa D8 a été conçu pour attirer les nomades digitaux de nationalité étrangère au Portugal. Mais quelles sont les conditions à remplir pour l’obtenir ? Quels sont ses avantages et ses inconvénients ? Le Lisboète Magazine a mené l’enquête
Lancé en octobre 2022, le visa D8 est rapidement devenu un must-have pour les jeunes nomades numériques en quête de soleil, de wifi rapide et de plages paradisiaques. Ce visa permet aux indépendants et adeptes du télétravail de poser leurs valises au Portugal, à condition de remplir certaines formalités : un passeport valide, quelques photos, une assurance santé, et surtout, un justificatif de revenus d’au moins 3280 € par mois, soit quatre fois le salaire minimum portugais.
Mais pourquoi le Portugal est-il devenu l’un des nouveaux paradis pour ces jeunes tech, aisés et à fort potentiel ?
Le pays a tout pour séduire : un climat de rêve, un coût de la vie abordable, et des infrastructures modernes qui font la joie des télétravailleurs. Que ce soit à Lisbonne, à Porto ou même dans des villes plus petites comme Lagos, toutes ces destinations disposent d’espaces de coworking design et optimisés avec une connexion internet souvent ultra rapide (environ 163,5 Mbps). En 2023, Lisbonne comptait 16 000 nomades numériques et leur nombre ne cesse d’augmenter. Il faut dire que le cadre est idéal pour travailler surtout quand on a la chance d’occuper un bureau avec une vue imprenable sur l’océan.
Ana Mendes Godinho, ministre du Travail, l’a dit : « Les nomades numériques sont fondamentaux pour le développement du Portugal, en particulier pour revitaliser les régions intérieures ». En somme, venir travailler sous le soleil portugais est aussi bénéfique pour l’économie locale.
Mais tout n’est pas si facile. Le visa D8, impose une volée de démarches administratives, dans un pays où elles peuvent facilement tourner au cauchemar. Dès votre arrivée, il faudra obtenir un NIF (Numéro d’Identification Fiscale), ouvrir un compte bancaire dans un établissement portugais (tous ne sont pas accueillants) et enfin obtenir un permis de résidence auprès de l’AIMA (Agence pour l’Intégration, la Migration et l’Asile). Tous les indépendants doivent par ailleurs fournir un contrat de prestation de services pour une entreprise non-portugaise et un casier judiciaire vierge.
Il est également important de prendre en compte l’évolution des dispositions fiscales. Le statut de résident non habituel (RNH), qui autrefois offrait des avantages fiscaux non négligeables, a été supprimé fin 2023. Il permettait aux expatriés de profiter d’une exonération fiscale sur les revenus étrangers pendant 10 ans. Aujourd’hui, avec votre visa D8, vous pourrez peut-être bénéficier d’un taux fixe de 20 %, mais uniquement sur certains revenus générés au Portugal. Si vous venez au Portugal pour fuir les impôts, méfiez-vous !
Malgré ces défis, Lisbonne reste un hub recherché par les nomades numériques. Avec ses infrastructures modernes, ses événements internationaux comme le Web Summit, et ses espaces de coworking qui rivalisent d’ingéniosité, la ville aux sept collines jouit d’une réputation solide. Pour Carlos Moedas, le maire de Lisbonne, la ville doit rester le centre mondial de l’innovation (propos tenus lors du Summit 2022).
En conclusion, le visa D8 peut être une opportunité en or. Certes, les démarches administratives peuvent être laborieuses, mais la qualité de vie est le plus souvent au rendez-vous.
• JULIEN BENDEL