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Chitra Stern

la force tranquille

par Adriana Dopio
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 À la tête d’un empire hôtelier, Chitra Stern dirige, avec son mari Roman, le groupe Martinhal. En septembre 2024, le ministre de l’Économie portugais Pedro Reis, et le secrétaire d’État au Tourisme, Pedro Machado, ont
décerné à Chitra la Médaille du mérite pour le tourisme. Rencontre avec une femme d’affaires avisée, humble et passionnée, qui relate une aventure entrepreneuriale mouvementée.

Où avez-vous passé votre enfance ?

 Je suis née et j’ai grandi à Singapour. Mes parents sont indiens originaires du sud de Pondichéry, non loin de Chennai. À 18 ans, j’ai rejoint Londres pour étudier dans une école de commerce. Je suis l’aînée de trois jeunes sœurs et de
deux frères qui m’ont rejoint en Angleterre pour suivre leur scolarité à Oxford ou Cambridge. Pour mes parents, les
valeurs essentielles ont toujours été : la famille, l’éducation et le fait de devenir des citoyens responsables. Ils étaient
entrepreneurs, ils importaient et exportaient diverses marchandises. À Londres, j’ai habité dans des foyers d’étudiants, j’ai obtenu un diplôme d’ingénieure électronicienne, d’expert-comptable et aussi un MBA de la London Business School. J’ai même fait un trimestre en Bretagne à Plouzané, à l’École nationale supérieure des télécommunications, en 1991.

N'aviez-vous pas la nostalgie de Singapour ?

On trouve de la nourriture indienne facilement à Londres, même si j’ai pris cinq kilos avec les fish and chips et le Yorkshire pudding ! Plus sérieusement, je voulais acquérir de l’expérience en Europe. J’ai d’abord travaillé six ans chez Price Waterhouse. La rencontre avec Roman, mon futur mari, a été déterminante. J’avais 28 ans et Internet commençait à tout bouleverser. Mon père avait connu tant de hauts et de bas qu’il m’avait encouragé à préserver la sécurité d’un emploi en entreprise, mais je ne l’ai pas écouté. Roman avait déjà réalisé un petit projet immobilier à Zurich pour le compte d’investisseurs suisses, qui nous ont présenté des projets en Croatie et en Algarve et nous sommes allés visiter le sud du Portugal en 2001.

Et vous avez décidé de vous installer à Lagos ?

Tous nos amis travaillaient dans la finance ou dans des banques d’investissement à Londres, mais Roman et moi avons adoré l’Algarve, à l’époque peu développée. On a immédiatement perçu le potentiel accentué par l’arrivée de Ryanair et d’easyJet. Nous avons acheté, en 2001, une petite maison à Lagos et installé notre bureau dans le sous sol. Le projet des investisseurs suisses n’a pas abouti, mais nous avions compris que la région allait connaître un essor important.

Comment avez-vous procédé ?

Nous avons commencé par 50 résidences de luxe avec nos fonds propres et jusqu’en 2007, cela s’est bien passé. Les banques nous ont fait confiance après nos premières ventes. Là-dessus est arrivée la crise des subprimes qui nous a
touchés de plein fouet. Lehman Brothers s’est effondré, la Barclays qui devait se développer au Portugal s’est retirée et 50 % de nos acheteurs n’ont pas concrétisé la seconde partie de leur investissement. Or nous avions besoin de ces fonds pour financer le projet de construction de notre premier hôtel qui démarrait. Nous étions alors en 2010 et venions d’avoir notre quatrième enfant. La seule option qui nous restait était d’engager tous nos fonds propres, et nous l’avons fait.

Dans ces moments de crise, comment vous partagez-vous les tâches avec votre mari ?

Quand je suis au plus bas, il est au plus haut et inversement. Il est Suisse, donc plus rationnel et conservateur. Moi je suis résiliente, visionnaire et peut-être plus émotive. Grâce à nos visions différentes mais complémentaires, nous avons été parmi les rares promoteurs à survivre en Algarve. On nous appelait les « suisses fous ». Je suis fière de ne pas être tombée dans les mains des banques. Nous avons réussi contre toute attente à ouvrir un premier complexe en 2010 et aujourd’hui nous avons une entreprise prospère qui compte quatre établissements hôteliers à Sagres, Quinta do Lago, à Lisbonne dans le Chiado et au Parc des nations, ainsi qu’une participation dans l’école internationale United Lisbon qui peut accueillir 1300 élèves. Nous employons aujourd’hui 600 personnes pour un chiffre d’affaires de 40 millions d’euros (département hôtellerie uniquement).

Quelle est la particularité des rési dences et hôtels Martinhal ?

Nous sommes dans une niche, celle des chambres d’hôtels de luxe ou des villas en bord de mer destinées aux familles avec de nombreux services adaptés aux enfants et des activités sans écran ! Tout est pensé pour les parents qui voyagent avec de jeunes enfants pour de longs comme pour de courts séjours, dans une atmosphère chaleureuse, écologique et qui met en avant l’artisanat local.

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