Après avoir beaucoup investi dans le développement du solaire et de l’éolien, la part des énergies renouvelables dans la consommation d’électricité au Portugal atteint aujourd’hui un record inédit.
Un modèle pour la France ?
Tripler la part des énergies renouvelables dans la consommation mondiale d’énergie d’ici 2030, c’est la mission que se sont donnée 110 pays lors de la COP28, en novembre 2023, à Dubaï. Un objectif difficilement atteignable : si l’électricité renouvelable a progressé de 50 % dans le monde au cours de l’année passée, l’Agence Internationale de l’Energie1 estime que ce rythme n’est pas encore assez soutenu.
Néanmoins, dans cette course aux énergies vertes, le Portugal se positionne comme un modèle à suivre. En 2023, la part de renouvelables dans l’électricité consommée a atteint un record inédit de 61 %, a indiqué début janvier le gestionnaire des réseaux énergétiques nationaux (REN)2. Un score qui lui permet de se hisser au quatrième rang des pays ayant intégré les énergies renouvelables dans leur consommation d’électricité, derrière les champions norvégiens (99,1 %), autrichiens
(88,8 %) et danois (84,0 %), selon l’Association portugaise des énergies renouvelables (APREN).
Sur les 31,2 TWh d’électricité renouvelable produite en 2023 en territoire lusitanien, un quart provient des éoliennes, 23 % de l’hydroélectrique, 7 % du photovoltaïque et 6 % de la biomasse. La consommation d’électricité non renouvelable n’a approvisionné que 19 % du marché national, le chiffre le plus bas depuis 1988, précise le REN. Le reste provenait des
importations.En 2022, les sources d’énergie renouvelable avaient déjà permis d’économiser annuellement jusqu’à 1600 euros en moyenne sur la facture d’électricité des ménages, et jusqu’à 160 000 euros pour les consommateurs non domestiques, selon l’APREN
Depuis le début du siècle, le Portugal est parvenu à réduire ainsi l’impact carbone de sa
production électrique de 73 %3 et a fermé ses dernières centrales à charbon en 2021, grâce à la politique menée entre 2018 et 2022 sur les énergies renouvelables : on estime ainsi à 1,8 % la part de cette industrie dans le PIB et à 50 000 le nombre d’emplois créés annuellement. Près de 32 milliards d’euros supplémentaires devraient être investis d’ici 2030, notamment pour sextupler le solaire et doubler l’éolien.
L’électricité renouvelable a progressé de 50% dans le monde au cours de l’année passée.
Qu’en est-il dans l’Hexagone ? La part des énergies renouvelables n’y atteignait qu’un cinquième en 20224. Pour espérer atteindre l’objectif fixé par la loi énergie et climat de 2019, à savoir un tiers des énergies provenant de sources renouvelables, la France doit accélérer son développement. Fin décembre, Greenpeace pointait ainsi dans un rapport le manque d’ambition française en matière de développement d’énergies propres, à la traîne par rapport à ses
voisins européens. Notons cependant que 61 % de l’électricité française provient du nucléaire et
que celle-ci est largement décarbonée.
• KENZA SOARES EL SAYED
