Après 25 ans à la tête de SIC Esperança (organisme caritatif lié au groupe de médias éponyme), Mercedes Balsemão est fermement convaincue que l’éducation est le meilleur levier pour transformer la société.
À l’occasion du lancement de la deuxième édition de la campagne Dinheiro Miúdo para os Miúdos, elle revient sur l’importance d’impliquer la société civile pour réduire les inégalités scolaires et offrir à tous des conditions d’apprentissage motivantes.
SIC Esperança mène des initiatives solidaires pour soutenir les communautés les plus vulnérables.
Avec le programme Dinheiro Miúdo para os Miúdos (« De la petite monnaie pour les enfants »), l’association s’attaque à un enjeu central : l’égalité des chances à l’école. En misant sur de petites contributions citoyennes, la campagne finance du matériel éducatif, informatique ou ludique, ainsi que des rénovations dans des établissements publics. Rencontre avec Mercedes Balsemão, qui porte ce projet avec conviction.
Lisboète : Quel est le principal objectif de cette deuxième édition de la campagne Dinheiro Miúdo para os Miúdos ?
L’objectif est de soutenir des projets qui contribuent à améliorer l’apprentissage au Portugal, car nous estimons que l’éducation est essentielle. C’est même le plus grand levier pour le développement de la société.
Sans éducation, il est impossible de rompre le cycle de la pauvreté et de la reproduction des inégalités sociales. Elle doit donc être placée au premier rang des priorités. C’est pourquoi SIC Esperança a défini l’éducation comme son principal axe d’action.
Nous nous sommes donné comme mission de réduire les disparités existantes dans ce secteur, en commençant par l’enseignement fondamental (de la 1re à la 9e année de scolarité, NDLR), même si nous avons aussi l’intention de l’étendre au secondaire (équivalent du lycée, NDLR). Nous savons que des facteurs tels que le cadre familial, le niveau socio-économique, les circonstances géographiques (pour ne citer qu’eux) influencent la qualité de l’éducation. Nous croyons qu’il est possible de les surmonter.
Quelles sont les actions concrètes mises en œuvre ?
Avec le programme Dinheiro Miúdo para os Miúdos, nous souhaitons améliorer la qualité du matériel mis à disposition des écoles.
Pour l’instant, nous intervenons uniquement dans le premier cycle de l’enseignement fondamental (équivalent de la primaire, NDLR).
Les écoles publiques, sur lesquelles nous agissons, sont souvent dégradées et manquent de matériel essentiel pour l’apprentissage et le développement intellectuel des élèves — non seulement des équipements informatiques, mais aussi du matériel ludique, des supports pour les livres, etc.
Selon vous, quels sont aujourd’hui les principaux facteurs qui aggravent les inégalités scolaires au Portugal ?
Le contexte socio-économique et la localisation géographique influencent fortement la réussite scolaire. Ces facteurs peuvent toutefois être atténués grâce aux écoles et aux enseignants. Nous savons à quel point un bon professeur peut changer une vie, la réorienter et ouvrir des horizons.
Le directeur d’établissement joue également un rôle fondamental dans la réduction des inégalités, en garantissant les ressources et en fournissant les supports pédagogiques indispensables à un bon apprentissage.
Existe-t-il des données récentes sur l’impact du milieu socio-économique ou de la localisation géographique sur la réussite scolaire des élèves portugais ?
Des rapports récents montrent que les élèves issus de zones défavorisées ou rurales tendent à obtenir en moyenne des résultats un peu plus faibles que ceux des zones urbaines privilégiées. Ce phénomène n’est pas exclusif au Portugal, mais constitue assurément un défi à relever.
Par ailleurs, la mise en place d’un classement des écoles portugaises a révélé que les établissements privés obtiennent de meilleurs résultats que les écoles publiques, ce qui confirme le poids du milieu socio-économique et du niveau d’instruction des parents dans l’accentuation des disparités éducatives.
Comment le Portugal se situe-t-il par rapport à la moyenne européenne en matière d’égalité des chances à l’école ?
Le Portugal a accompli des progrès notables en matière d’égalité des chances dans l’éducation. La réduction du décrochage scolaire, l’amélioration du climat scolaire et l’implication des enseignants sont des points forts qui placent le pays légèrement au-dessus de la moyenne européenne et de l’OCDE sur plusieurs aspects. Malgré cela, des inégalités liées au niveau socio-économique des familles persistent. Elles se traduisent par un écart considérable dans les résultats scolaires entre élèves favorisés et défavorisés — un problème que le Portugal partage avec de nombreux pays et qui nécessite la poursuite de politiques efficaces.
Quels sont, selon vous, les axes d’intervention prioritaires pour améliorer l’égalité d’accès à l’éducation dans les prochaines années ?
Il est tout d’abord nécessaire d’investir dans la réduction des inégalités régionales, en veillant à ce que les écoles situées dans des zones rurales ou défavorisées disposent de ressources comparables à celles des grandes villes.
Un autre axe important est le soutien spécifique aux élèves issus de milieux modestes, grâce à des mesures telles que des bourses, des programmes de mentorat et un accompagnement psychologique et pédagogique plus ciblé.
Enfin, il faut continuer à renforcer la formation des enseignants et à promouvoir la création d’environnements scolaires inclusifs pour tous.
La mobilisation collective semble tenir une place importante dans votre projet.
Nous cherchons des sponsors, mais voulons avant tout impliquer la société civile. Nous partons du principe que l’éducation concerne tout le monde, puisque investir dans l’éducation, c’est investir dans l’avenir. Et nous voulons tous faire partie de cet avenir.
C’est dans cet esprit que nous avons conçu le programme Dinheiro Miúdo para os Miúdos. L’idée est que de nombreuses petites contributions rendent possibles des actions concrètes. Ainsi, nous donnons à chacun la possibilité d’intégrer cette dynamique solidaire, dont l’objectif final est de réduire les inégalités dans l’enseignement fondamental. Il suffirait que chaque Portugais contribue avec seulement un euro pour que voient le jour de nombreux projets capables de garantir l’égalité des chances pour de nombreux enfants. L’idée est vraiment d’impliquer les citoyens pour changer les mentalités et créer une nouvelle philosophie de solidarité.
Quelles sont les dates clés de cette initiative ?
Cette année, la campagne démarre le 17 septembre et s’achève le 31 octobre.
Quel bilan tirez-vous de la première édition ?
L’an dernier, nous avons soutenu 47 écoles et près de 5 940 élèves.Nous avons fourni du matériel informatique et pédagogique, des instruments de musique, des équipements sportifs, des aires de jeux… et financé de petites rénovations qui font la différence dans la vie des élèves. Certaines écoles, notamment dans le nord du pays, ont connu de réelles transformations grâce à cette action. Il est prouvé que des environnements éducatifs bien structurés favorisent la réussite scolaire et que l’amélioration des infrastructures a un impact direct sur les résultats et la motivation des élèves.
Quel est l’objectif de la prochaine édition ?
Nous voulons soutenir encore plus d’écoles. Notre ambition reste la même : rendre les écoles meilleures, plus égalitaires et plus inclusives. Idéalement, nous aimerions élargir notre action au deuxième cycle, pour toucher davantage d’élèves.
Comment peut-on participer ?
Nous avons créé un club de volontaires. Plus de 600 d’entre eux parcourent tout le pays pour collecter des euros dans des tirelires, vendre des bracelets solidaires et expliquer comment chacun peut contribuer, avec le système de paiement MB Way ou un QR code.
Quel message souhaiteriez-vous adresser à la société portugaise pour encourager un engagement actif ?
Je voudrais lancer un appel à toute la société portugaise pour qu’elle se joigne à nous. Contribuez, participez, impliquez vous.
Nous voulons créer un avenir dans lequel tous les enfants auront les mêmes opportunités de grandir, d’apprendre et de s’épanouir.
Propos recueillis par Claudia Ferreira





