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Système de santé portugais : mode d’emploi pour expatriés

Quels systèmes de santé choisir pour vivre sereinement au Portugal ? Comment s’y retrouver entre les différentes assurances complémentaires ? Quels sont les pièges, les astuces, les niveaux de remboursement ? Laurence Duarte, courtière multi assurances, décrypte pour le Lisboète Magazine, l’imbroglio de la santé au Portugal.

Au Portugal, comment se présente le système de santé ?

systèmes de santéIl existe le service public et le service privé. Ce sont deux entités totalement séparées. Le service public est accessible à toute personne affiliée à la sécurité sociale portugaise ou titulaire de la carte européenne de santé. Les soins sont gratuits et fonctionnent bien pour les urgences vitales. Hors urgences, les listes d’attente sont très longues. En France la sécurité sociale intervient dans la santé publique, privée, conventionnée et non conventionnée. Au Portugal, ce système n’existe pas. Hors système public, les hôpitaux sont 100 % privés et il est préférable d’adhérer à une complémentaire santé, car les soins sont très onéreux.

Comment fonctionne le service public ?

Il est indispensable d’être résident, de disposer d’un numéro d’Utente et de se rendre dans le centre de santé public de son quartier pour obtenir un rendez-vous avec un médecin désigné, en fonction de ses rares disponibilités, mais pas des vôtres. Si vous êtes amené à revoir le médecin, plusieurs mois d’attente sont à prévoir. Il est nécessaire de passer par un médecin du centre de santé pour être orienté vers un spécialiste hospitalier du public, y compris pour des pathologies sévères.

Quelles sont les options en matière de complémentaires en santé privée ?

Il y existe quatre types de contrats : les plans de santé, les contrats de type portugais, les contrats internationaux aussi appelés au 1er euro et les mutuelles complémentaires à la sécurité sociale française. Le choix se fait au cas par cas, en fonction des profils. La plupart des contrats imposent des questionnaires de santé qui écartent toutes les personnes victimes de problèmes cardiaques, de cancer, de diabète de type II, etc. et parfois celles âgées entre 65 et 70 ans. Au-delà de 75 ans, plus aucune souscription n’est possible. Au Portugal, il est vivement conseillé de s’assurer jeune et en bonne santé. Quand la maladie arrive, il est trop tard.

Est-on libre de choisir son médecin ?

Pas avec les plans de santé ou les complémentaires portugaises. Ces deux options obligent le patient à s’adresser aux praticiens avec lesquels l’organisme a des tarifs négociés. Sur une consultation de généraliste, le patient payera entre 15 et 35 euros sur les 60 euros facturés et environ 35 euros pour un spécialiste dont le prix oscille entre 120 et 200 euros.

Que proposent les plans de santé ?

Les plans de santé sont matérialisés par une carte santé peu coûteuse qui donne droit à des tarifs privilégiés dans un réseau partenaire. Mais les plans de santé n’intègrent ni l’hospitalisation, ni l’optique, ni le dentaire. C’est l’équivalent d’une carte de réduction Carrefour ou Continente, adaptée au médical.

Que contiennent les contrats portugais ?

Ils couvrent le territoire national et exceptionnellement l’étranger, à hauteur de 50 % des frais et en cas d’urgence, avec des exceptions. Tous les contrats portugais imposent des plafonds et des franchises avec un reste à charge. Ils s’appliquent à l’hospitalisation, à l’ambulatoire, aux consultations, aux radiographies et scanners, au laboratoire, etc. Ces plafonds très vite atteints, se situent en moyenne autour de 2500 euros. Or une IRM peut coûter entre 300 et 900 euros . De nombreuses spécialités peuvent être exclues ; les médicaments, les soins dentaires, les implants, l’orthodontie, etc. Ce type de contrat est à privilégier en l’absence de gros problèmes de santé.

Le dentaire et l’optique sont les parents pauvres des contrats ?

Quasiment inexistants dans le service public, ils sont la raison principale des souscriptions d’assurances privées qui imposent souvent 50 % de reste à charge. En France nous sommes habitués à un forfait de remboursement de 500 euros environ pour les lunettes. Au Portugal, avec ce même forfait, si votre facture est de 500 euros, vous participez à hauteur de 250 euros.

Le contrat portugais est-il le plus demandé par les expatriés ?

Il est rarement choisi par les Français, car les restes à charge sont importants et le dentaire, l’optique et les médicaments sont souvent en option. De plus, le choix du praticien n’est pas libre et les délais de carence sont longs : 60 jours pour les soins, 180 jours pour l’hospitalisation, 365 jours pour la grossesse ! Des délais imposés par l’État portugais et communs à de nombreux autres contrats où l’hospitalisation est en option et en avance de frais.

Les contrats internationaux sont-ils plus complets ?

Oui. Leurs plafonds sont plus élevés, leurs remboursements sont plus conséquents, mais leurs cotisations sont plus chères. Ils fonctionnent également à l’international. Certaines sociétés comme April ou Eugen proposent trois types de contrats dont le moins cher exclut le dentaire et l’optique. Les autres contrats les intègrent, mais avec un reste à charge et une franchise sur l’hospitalisation. Tous les contrats internationaux imposent un questionnaire de santé et des délais de carence. Un temps de latence qui peut être revu, si un autre contrat équivalent l’a précédé. Mais les assureurs sont libres de refuser de couvrir une pathologie existante ou d’imposer des surcoûts.

En quoi consiste l’option qui intègre la sécurité sociale française ?

Ces contrats concernent ceux qui cotisent à la CFE (Caisse des Français de l’étranger) ou encore les retraités français. Le système fonctionne très bien entre la France et le Portugal (et dans la plupart des pays européens). Pour les soins au Portugal, les remboursements complètent ceux de la sécurité sociale française. C’est le contrat qui ressemble le plus au système français. Mais attention, la CFE ne rembourse que sur avance de frais, y compris pour l’hospitalisation dont les frais peuvent être très élevés.

Ces contrats aussi appelés France/Portugal sont-ils soumis à des conditions ?

Il y a des limites d’âge et plusieurs formules possibles avec des bilans de santé inclus. Certains patients exclus d’autres assurances, peuvent être admis. Cette option propose aussi de vrais forfaits d’optique et d’orthodontie (entre 1000 et 2000 euros par an) avec des formules jusqu’à 3000 euros par an pour les implants et les prothèses dentaires, que le soin ait lieu en France ou au Portugal. Sur l’hospitalisation au Portugal, la CFE ne prend en charge que 40 % des frais alors que la sécurité sociale en France peut aller jusqu’à 60 ou 70 %.

Qu’en est-il de la prise en charge des médecines douces ?

Ces pratiques ne sont considérées que par les contrats au 1er euro et les contrats France/Portugal. Que ce soit l’ostéopathie, l’homéopathie, la chiropractie ou la diététique. Parfois, dans les contrats portugais, des options de consultation par téléphone sont proposées, mais cela implique de maîtriser parfaitement la langue.

Les prix pratiqués en santé au Portugal sont très élevés…

En moyenne, le double des tarifs français. Hors assurance complémentaire, le coût d’un accouchement classique coûte environ 5000 euros et avec césarienne 6800 euros. La mère est gardée une à deux nuits en chambre. Pour le retour à domicile, tout comme après une chirurgie, les contrats portugais ou France-Portugal ne prévoient pas de soins à domicile, même si c’est demandé par le médecin. Pour obtenir ce service, il faut avoir adhéré à un contrat accidents de la vie ou protection familiale, en plus des contrats de santé.

Comment sont remboursés les médicaments en pharmacie ?

Il faut posséder un numéro d’Utente et présenter la prescription médicale (du public ou du privé) à la pharmacie. Le pharmacien déduit le plafond de la sécurité sociale du prix de vente. Le reste est à la charge du patient qui peut ou non être remboursé par sa complémentaire. Si la sécurité sociale indique qu’il s’agit d’un médicament de complaisance (ex : le Daflon) il n’y aura aucun remboursement.

Propos recueillis par Yetty Hagendorf

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